Nous quittons le Kazakhstan et les douces températures d’Astana pour affronter 43°C de chaleur étouffante à Tachkent. Dans notre chambre sommaire, un climatiseur se cantonne à proférer des crépitements et soufflements dignes d’un Tupolev en fin de parcours. Notre première mission dans la capitale ouzbèke consiste à retirer suffisamment d’argent liquide pour tout notre séjour dans le pays, tâche moins aisée qu’il n’y parait. Nous écumons les grands hôtels de la ville à la recherche d’un distributeur coopératif. Après trois tentatives infructueuses dans divers quartiers, le distributeur du Hyatt obtempère finalement et nous concède les dollars tant convoités. La devise officielle ouzbèke est le soum, mais le marché parallèle en dollar s’avère considérable. Lors de notre passage en juillet 2017 (oui le retard des articles s’accumule irrémédiablement), le cours officiel du soum s’élève à quatre mille pour un alors que le marché noir offre un rendement double de huit mille soums pour un dollar. Les Ouzbeks sont forcés de changer leur épargne dans la devise états-unienne car tout achat important s’effectue en dollars : voiture, machine à laver ou frais d’université. Seules les dépenses courantes (restaurants, courses, taxi) se font en monnaie locale.
Cette chasse aux billets verts dans la touffeur accablante occupe presque entièrement nos deux jours tachkentois. Assommés par les efforts nécessaires au moindre mouvement, nous manquons à la visite de la vieille ville, son bazar et ses intéressants musées.
A bord de notre voiture de location, nous gagnons la région du Ferghana, plaine fertile très peuplée d’Asie centrale, à la croisée du Kirghizstan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan. Grenier de toute la zone d’ex-URSS en fruits et légumes, ce territoire est également réputé pour son artisanat. En particulier la coutellerie, la manufacture de la soie et la céramique, traditionnelles avant d’être industrialisées dans les fabriques d’URSS. Avec la faillite de ces établissements en 1991, de nombreux directeurs-artisans ou « maîtres » réputés se sont installés à leur compte.
Nous faisons étape en chemin à Kokand, capitale de l’un des anciens Khanats – royaume turco-mongol – d’Asie centrale. Seule une fraction du palais du Khan demeure, étincelante de mosaïques multicolores et de murs de stuc sculpté et peint à la feuille d’or. Une jeune guide pleine de bonne volonté nous explique succinctement dans un français laborieux la vie du Khan. Des trois sections du palais, la plus importante est dédiée aux tâches administratives tandis que les deux autres forment les espaces de vie de ses quatre épouses et de son harem de concubines.
Contrairement à Tachkent, au Ferghana – région réputée pour abriter une population particulièrement croyante – la plupart des femmes portent un voile sur leurs cheveux. Depuis l’indépendance, le pouvoir ouzbèke réprime sévèrement le prosélytisme religieux et le fondamentalisme, expédiant tout suspect en prison plus ou moins légitimement. Il semblerait ainsi que de nombreux opposants politiques aient été injustement emprisonnés pour ce motif. Cette menace religieuse s’avère en effet commode à brandir face aux interpellations des pays occidentaux depuis les attentats du World Trade Center de New-York.
Le massacre d’Andijan
Nous n’allons pas jusqu’à Andijan au cours de notre périple, ville natale au XVè siècle du premier empereur moghol et poète Babur – descendant de Tamerlan par son père et Gengis Khan par sa mère –, qui fût le théâtre d’affrontements sanglants en mai 2005.
En juin 2004, le pouvoir ouzbek emprisonne et torture vingt-trois entrepreneurs à Andijan pour « extrémisme, fondamentalisme et séparatisme ». Ceux-ci nient et considèrent qu’ils sont arrêtés non pour leurs croyances religieuses mais à cause de leur popularité locale ou d’ennuis fiscaux. Une autre thèse suggère que ces chefs d’entreprises seraient des proches du gouverneur du Ferghana déchu, et victimes parmi d’autres d’une guerre intestine entre deux clans luttant dans les arcanes du pouvoir. Au cours de leur procès, les 10 et le 11 mai 2005, plusieurs milliers de personnes – au départ principalement des proches des accusés – manifestent pour demander la libération des captifs mais également pour exprimer leur ras-le-bol de la pauvreté croissante et de la corruption. Dans la nuit du 12 au 13 mai, un commando armé de cinquante à cent personnes libère les vingt-trois détenus ainsi que des centaines d’autres prisonniers souvent séquestrés sous les mêmes prétextes. Le commando s’empare ensuite de la caserne de pompiers, de plusieurs postes de police et des garnisons militaires – tuant plusieurs gardiens de prison et prenant au moins une vingtaine d’otages – et appelle la population à poursuivre les protestations. Au petit matin, le groupe armé détient la ville (hormis l’agence des services secrets) tandis que les forces gouvernementales bloquent les accès, laissant seulement passer les piétons. Nombre de manifestants et de badauds se regroupent sur la place centrale de la ville pour écouter les prises de parole alors que des rumeurs prophétisent que Karimov satisfera les requêtes populaires. Dans l’après-midi, l’armée parvient enfin de la capitale et tire sans sommation sur la foule en majorité désarmée. La police et les tireurs d’élite postés sur les toits achèvent ensuite les blessés, hommes, femmes et enfants.
Le régime annonce un premier bilan de neuf morts et trente-quatre blessés, puis de cent quatre-vingt-sept morts dont la moitié de policiers et militaires. Plusieurs sources étrangères estiment le nombre de victimes à entre quatre et six cents morts. De nombreux corps auraient été dissimulés en les jetant dans de grandes fosses communes, voire même pour certains en les déplaçant par avion. Un ancien des services-secrets juge pour sa part qu’il y aurait eu près de mille cinq cents victimes.
Les protestataires persévèrent les jours suivants, demandant désormais la démission du président Karimov, en place depuis l’indépendance (et jusqu’à sa mort en 2016). La presse et les ONG relatent le massacre et demandent des comptes pour l’extrême violence des forces armées face à des manifestants désarmés. Nombre d’entre eux doivent fuir le pays pour échapper aux poursuites. Mais l’emplacement stratégique de l’Ouzbékistan qui sert de base aux troupes occidentales pour ses missions en Afghanistan rend les reproches issus de l’Europe et des États-Unis particulièrement insipides – quand il y en a ! L’Ouzbékistan refuse par ailleurs de se plier à une enquête de l’ONU, arguant que le scandale d’Abou Ghraib – révélant en 2003 les abominables sévices infligés par l’armée américaine aux prisonniers irakiens – n’avait déclenché aucune enquête internationale.
La céramique de Richtan
Dans les gargotes où nous faisons escale, nous ne rencontrons quasiment jamais de femme attablée – mais elles travaillent souvent au service. En revanche les hommes se réunissent fréquemment dans ces « maisons de thé » ou tchaïkhanas, autour d’une table sur laquelle trône couramment une bouteille de vodka. Les doctrines religieuses sont appliquées avec variabilité !
Depuis Kokand nous atteignons rapidement Richtan, village réputé pour ses ateliers de céramique. Nous recherchons l’atelier d’un maître céramiste réputé dont nous avons glané le nom dans nos lectures. Après deux allers-retours infructueux dans la ruelle indiquée, nous décidons de faire halte dans un atelier ouvert sur la rue. Des potiers travaillent dans une petite dizaine de cellules ouvertes ou fermées et disposées en forme de U autour d’une cour de terre battue. Une élégante dame nous accueille et s’empresse de nous faire visiter le lieu, très réjouie de recevoir des visiteurs – de plus étrangers. Directrice de l’ensemble, elle a récemment rétabli cet ancien atelier resté vide quelques années suite à sa faillite. La fabrique est spécialisée dans les articles de jardinage (pots, bacs, vases et soucoupes) et les grands plats décorés de figures simples. Nous observons ainsi les spécialisations des différents stands : moulage de petits pots avec de fines ciselures ou de grands pots ondulés, émaillage et peinture d’ornements rudimentaires. Enchantée de notre présence, la directrice nous offre quelques morceaux de pastèque, que nous acceptons avec plaisir. Nous sommes évidemment gavés comme des oies – mais il est comme d’habitude très difficile de refuser, même après plusieurs morceaux. C’est alors que surgit l’une des plus belles apparitions de notre voyage : une Jigouli orange traverse nonchalamment la cour, bourrée à craquer de pastèques. Entassées du plancher au plafond sur le siège passager et les sièges arrière, elles débordent copieusement du coffre retenu par des tendeurs tandis que les barres latérales du toit en maintiennent encore une bonne vingtaine ! Nous sommes malheureusement sortis sans appareil photo et le regrettons amèrement (pour ceux qui ne le sauraient pas, je suis fan de la Lada Jigouli et rêve de m’en acheter une un jour).
Toujours aussi enthousiaste, la directrice nous convie à dîner et dormir chez elle le soir-même. Bien que séduits par cette chaleureuse proposition, nous déclinons afin de ne pas surcharger notre court séjour au Ferghana. Nous remercions notre hôtesse et reprenons la prospection de notre maître en céramique, Rustam Ousmanov.
Tout en débitant une pastèque sur l’accotement de la grande route, deux hommes nous indiquent son atelier situé à une centaine de mètres. Ils nous offrent bien entendu une part de leur énorme fruit, impossible à refuser malgré les lamentations de nos estomacs. A nouveau repus, nous parvenons enfin à la maison-musée de Rustam Ousmanov où sa femme et son neveu Ruslan nous accueillent. Le maître est parti quelques semaines au « Santa Fe Folk Art Market » aux États-Unis où il expose et vend ses œuvres chaque année depuis 2005. Les tarifs pratiqués à l’étranger rentabilisent largement le coût d’expédition de sa délicate céramique, soigneusement emmaillotée et calée dans de grandes caisses en bois. Ruslan parle convenablement anglais et nous décrit toutes les étapes de fabrication de la céramique.
Une dizaine d’artisans – principalement de la famille – travaille dans l’atelier et chacun effectue l’ensemble des étapes : modelage de la terre glaise locale, application de l’engobe blanc (revêtement fin à base d’argile qui dissimule la couleur naturelle de la terre), séchage de plusieurs jours à température ambiante, première cuisson, ébauche des motifs au crayon à papier, application des émaux au pinceau et enfin deuxième cuisson à plus haute température. Ces émaux, par leur durcissement et imperméabilisation de la céramique, constituent une glaçure dont la couleur change radicalement à la cuisson. Alors que les enduits semblent ternes lors de l’application, ils révèlent des couleurs intenses après le passage au four.
La glaçure traditionnelle Ichkor – usuelle au moins depuis le XIIè siècle – est élaborée à partir de plantes de la famille de la salicorne, concentrées en sel et halophiles (adaptées aux milieux salés). Ces plantes indigènes des déserts ouzbeks sont séchées et brulées, puis leurs cendres sont moulues et mélangées à d’autres composants – notamment du quartz – afin de réaliser la glaçure. La teinte bleu-turquoise brillante et légèrement translucide ainsi que la résistance de cet émail s’avèrent aujourd’hui inégalées par les pigments de synthèse. Le cobalt et le lapis-lazuli colorent également les mosaïques des sublimes monuments islamiques d’Ouzbékistan, dont la céramique vernissée chatoie d’une infinité de bleus rehaussés de touches de brun et d’or. Depuis l’industrialisation de la céramique au temps de l’URSS, les potiers recourent de surcroît à des pigments modernes souvent importés afin d’apporter du rouge, du vert et du jaune à leurs compositions.
La précision du dessin nous fascine, ainsi que la vitesse à laquelle Ruslan les esquisse et les peint. Mais malgré cette célérité, l’ornementation d’un grand plat peut prendre plusieurs jours. Pour les grandes mosaïques, les motifs sont d’abord dessinés sur un panneau de bois puis décalqués. Ils sont ensuite reproduits sur la faïence grâce à du papier carbone et peints à la main.
Choisir quel souvenir rapporter s’avère cornélien face à la beauté de la vaisselle exposée, les importantes dimensions de certains plats et le chemin qu’il nous reste à parcourir. Après une longue hésitation nous optons pour un service à thé, de grands plats à plov (plus connu sous l’appellation de riz pilaf chez nous, voir encadré en bas), quelques bols à thé supplémentaires et un œuf en céramique peinte. Tout est soigneusement empaqueté afin d’affronter les quelques milliers de kilomètres qu’il nous reste à arpenter.
Nous logeons le soir-même à Ferghana chez une dame russe qui loue quelques chambres dans son appartement à la décoration rutilante. L’immeuble soviétique décrépi posté au milieu d’un terrain vague étriqué nous semble de premier abord peu engageant, mais les Russes sont capables de prouesses en aménagement intérieur. Pour le dîner notre hôtesse nous indique une cantine locale où nous dégustons sous une lumière blafarde le menu traditionnel : salade « fraîche » (tomates – concombres) et plov. Dans les bonnes cantines, le plov est un mets savoureux, et dans les moins bonnes, il a l’avantage de rester mangeable. Ce type de cantine-self propose généralement des repas corrects à des prix défiant toute concurrence (maximum deux euros cinquante par personne). Et dans les meilleurs cas, il y a même des blinis – très proches de nos crêpes et non ce qu’on appelle blinis en France – en dessert !
Marguilan et la production de soie
Après la céramique de Richtan, nous découvrons à Marguilan la confection du tissu qui fascina tant l’Occident : la soie.
Le premier stade de la production réside évidemment dans l’élevage des vers à soie et la récolte des cocons : la sériciculture. Les vers à soie – chenilles du papillon de nuit bombyx du mûrier – affectionnent particulièrement les feuilles de mûrier blanc, arbre originaire de Chine cultivé depuis l’Antiquité en Asie centrale. D’autres plantes de la famille des Moraceae conviennent à leur alimentation mais le mûrier blanc – leur favori – génère la formation d’une soie de qualité incomparable. Les fruits de l’arbre – appelés mûres comme ceux des ronces – sont par ailleurs excellents et très juteux.
Quelques jours après la ponte (vers juin), l’œuf entre en diapause : l’embryon cesse son développement. Il stagne ainsi plusieurs mois successivement chauds et froids, jusqu’au retour du printemps. Coïncidant avec la pousse des feuilles de mûrier, l’œuf éclot vers avril après douze jours d’incubation. Durant de sa courte existence, le vers requiert un environnement aéré et propre, et subit quatre mues nécessaires à son développement. En effet, en vingt-sept jours de gloutonnerie il multiplie son poids par dix mille, croissant d’un demi milligramme à plus de cinq grammes. Rassasié, le vers forme ensuite son cocon, à l’intérieur duquel il se transforme en chrysalide. La vie de la larve a duré environ trente-cinq jours au total.
Les cocons sont ensuite décrochés de leur support et triés. Afin d’empêcher le papillon de percer le cocon – ce qui empêcherait la filature –, la chrysalide doit être tuée par étouffement, puis séchée pour éviter la putréfaction. Quelques cocons sont épargnés afin de récupérer les trois à sept cents œufs – communément appelés graines – de chaque papillon femelle pour la production de l’année suivante. N’ayant qu’une dizaine de jours d’espérance de vie, les papillons s’accouplent dès leur sortie du cocon et la femelle pond ses graines quelques jours plus tard. Sélectionnés au fil des siècles, ces papillons domestiqués ne peuvent survivre sans l’intervention de l’homme.
Après la sériciculture vient la manufacture même de la soie. Ses étapes sont d’abord la filature et le moulinage, puis le tissage et la teinture qui peuvent être effectués en ordre inversé.
Les cocons sont tout d’abord échaudés afin de ramollir la séricine, colle naturelle qui enrobe le fil de soie et lui permet d’adhérer sur lui-même. Un unique fil de soie long d’environ mille cinq cents mètres compose chaque cocon. Afin d’obtenir une fibre d’une épaisseur suffisante, les fils sont enroulés par dizaine sur les dévidoirs. En s’agglomérant lorsque la séricine sèche, ils forment la soie dite grège, ensuite enroulée en écheveaux pour l’empêcher de s’emmêler.
Le moulinage consiste à tordre le fil sur lui-même – cent cinquante à mille torsions par mètre – afin d’en augmenter la résistance. Cette manipulation réduisant l’élasticité et modifiant l’aspect de la soie, le nombre de tours exécutés est adapté au type de soie recherché.
L’étoffe peut ensuite être tissée à la machine pour créer un textile fin et souple, ou à la main pour un textile plus épais, rigide et irrégulier.
La fabrique Yodgorlik
Cette manufacture élabore des tapis en soie pure, en adras (moitié coton – moitié soie), en coton ou en laine mélangée tissés à la main, mais également deux types d’étoffes imprimées destinées à l’habillement et la décoration d’intérieur.
Le tissage manuel des tapis est un ouvrage extrêmement laborieux : nous n’observons que des femmes à cette tâche, accroupies dans des positions souvent inconfortables devant leur métier. Des feuilles de papier sur lesquelles sont imprimés les motifs à copier sont accrochées aux fils de chaîne, et les tisseuses reproduisent le modèle sur la trame en enchaînant les nœuds avec des brins de différentes couleurs, coupés à chaque itération. La soie étant beaucoup plus fine que le coton ou la laine, le nombre de nœuds au centimètre carré est démultiplié, justifiant – encore plus que la matière première – les prix élevés des tapis de soie. A raison d’environ un centimètre de longueur par jour, un tapis de deux mètres sur trois mètres peut ainsi nécessiter dix mois de travail à plein temps d’une tisseuse !
Le batik constitue leur production la plus simple. Les motifs sont créés en nouant et pliant la pièce de soie (tissée à la machine) et en la baignant dans la teinture. Les nœuds empêchent la teinture d’atteindre le tissu à certains endroits, créant des motifs symétriques. Cette technique de coloration originaire d’Indonésie est traditionnellement réalisée en protégeant le tissu par de la cire, permettant la création de motifs bien plus sophistiqués.
L’élaboration de l’ikat, étoffe de soie traditionnelle chez les Ouïghours et les Ouzbeks, se montre bien plus complexe. Les fils sont enroulés et tendus sur des barres de bois écartées de deux mètres quarante, et après une ébauche au crayon à papier certains fils sont scotchés ensemble afin de créer des motifs. Comme pour les batiks, lorsque la teinture est appliquée, les fils enroulés dans le scotch ne sont pas teintés. Ainsi à chaque étape, seules certaines sections de fils sont teintées d’une couleur, créant à l’issue du processus une composition pouvant être très raffinée. Lorsque toutes les colorations ont été appliquées, la soie est tissée à la main sur des métiers traditionnels. Les bords des motifs de l’ikat sont légèrement flous pour deux raisons : les délimitations créées par le scotch ne sont pas nettes, et lors du tissage, un léger décalage des fils s’opère, engendrant un alignement imparfait des motifs. Nous espérons trouver dans la ville des créateurs plus originaux, mais force est de constater que l’artisanat est de très bonne qualité mais assez conventionnel. Il paraît cependant que Gucci et Versace s’étaient fournis à la fabrique Yodgorlik pour leur collection estivale de 2010 !
Namangan
Nous rejoignons ensuite notre dernière étape au Ferghana : Namangan. Plusieurs sites y méritent une visite mais les fortes chaleurs des derniers jours nous ont quelque peu assommés. Fuyant notre hôtel rudimentaire, nous nous réfugions dans une tchaïkhana dont les tables ombragées sous les platanes du parc s’avèrent particulièrement avenantes. Une bière, une salade fraîche et quelques brochettes de mouton grillé : nous voilà décidés à ne plus rien faire de la journée.
Les employés de notre hôtel sont enchantés de nous annoncer qu’il y a déjà une Française parmi les clients et s’empressent de la prévenir de notre arrivée. Nous rencontrons donc dans la soirée une jeune française stagiaire pour l’AFD (Agence française de développement) apparemment réjouie de varier ses interlocuteurs. Nous avons plaisir à écouter ses aventures et son étude de l’agriculture locale. L’AFD profite de la détente politique du pays pour aider au financement de nouveaux projets, et a notamment entamé un état des lieux dans le domaine agricole. Les petits producteurs s’avèrent très intéressés par les opportunités de modernisation de leur agriculture ainsi que par la possibilité d’exporter. Comme partout ailleurs en Asie centrale, les Ouzbeks sont très ouverts sur le monde extérieur et curieux de connaître les pratiques des autres.
En soirée le parc qui jouxte notre hôtel se métamorphose en parc d’attractions, attirant les familles locales dont les enfants viennent jouer aux divers manèges, tir à la carabine et autres divertissements pour la plupart fort bruyants. Après avoir déambulé une demi-heure au milieu de cette ambiance festive dans une atmosphère plus indulgente, nous baissons les armes et rentrons nous plumarder. Et comme toujours dans ce type d’hôtel démesuré et aux trois-quarts vide, au petit matin nous errons quelque temps dans ses couloirs sinistres et déserts avant de trouver la salle du petit déjeuner. Nous dégustons la sempiternelle bouillie de blé accompagnée de thé et de quelques tartines de beurre et confiture, puis repartons vers la capitale avant de poursuivre nos aventures dans les contrées désertiques d’Ouzbékistan.
Recette du plov par Fred (pour 4)
Tout l’intérêt du plov réside dans le bouillon gras dans lequel cuit le riz. Voici une recette plus ou moins rapide de mon cru pour répliquer le plov qui nous a le plus marqué durant notre périple en Asie Centrale. L’addition de pois chiche et de raisins dépend des régions.
Bouillon d’agneau (pour la cuisson du riz et pour la viande)
Ingrédients
- 2 souris d’agneau
- Quelques bas morceaux d’agneau bien gras
- 1 gros oignon jaune
- 1 carotte
- 1 petit morceau de céleri rave (optionnel)
- 1 branche de romarin
- 1 feuille de laurier
Recette
- Couper l’oignon, la carotte et le céleri en gros morceaux.
- Mettre tous les ingrédients dans un autocuiseur et ajouter 2 litres d’eau.
- Laisser 30min une fois sous pression.
- Retirer les souris et détacher la viande des os.
- Filtrer le bouillon et ne surtout pas le dégraisser.
- Faire réduire le bouillon jusqu’à obtenir la quantité souhaitée.
Plov
Ingrédients
- 300 g de riz étuvé (ou qui supporte une cuisson longue comme le riz à paella)
- 1 carotte
- 1 oignon
- 1 cc graines de coriandre
- 1 cc graines de cumin
- Quelques pois chiche pré-cuits (optionnel)
- 4 cs raisins secs (noirs ou blancs)
- Bouillon d’agneau (cf. plus haut): 3 fois le volume de riz (suivre les instructions sur l’emballage du riz)
Recette
- Couper l’oignon en petits dés et la carotte en batonnets fins (5cm).
- Faire revenir les graines dans l’huile d’olive 1 minute.
- Ajouter oignons et carottes et cuire 10min.
- Rincer le riz dans l’eau froide plusieurs fois (ou laisser tremper 15min).
- Ajouter le riz, le bouillon, la viande des souris, les raisins et les pois chiche et laisser cuire jusqu’à ce que le riz soit tendre (environ 20min).
- Saler et poivrer à votre convenance.
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