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Les villes des mille-et-une nuits
1. Khiva & Boukhara -
Les villes des mille-et-une nuits
2. Samarcande & Termez
Album Samarcande Album Chakhrisabz Album Termez
Samarcande & Chakhrisabz
Décidés à en découdre avec toutes les villes historiques d’Ouzbékistan, nous prolongeons notre trajet en remontant la vallée du Zeravchan jusqu’à Samarcande, ville dont l’évocation fait souvent briller les pupilles. Samarcande suggère pour moi les aventures de Corto Maltese dans la « Maison dorée de Samarkand », fable onirique dans laquelle Corto voyage en Asie centrale soviétique afin de libérer son « ami » Raspoutine. Samarcande symbolise ainsi le rêve, le mystère et le mysticisme dans un décor somptueux. Malheureusement, bien que de nombreux sites soient absolument fascinants, de larges boulevards très passants scindent la ville, gâchant quelque peu la magie à chaque fois que nous changeons de quartier.
L’ancienne ville d’Afrasiab, située en périphérie nord-est de Samarcande, fut vraisemblablement édifiée vers le VIIIè siècle avant notre ère par les Sogdiens, tribu scythe sédentarisée. Capitale de la Sogdiane – région à cheval sur le Ferghana et la vallée du Zeravchan jusqu’à Boukhara – cette ancienne cité révéla des fresques murales vieilles de quatorze siècles lors de fouilles archéologiques d’une grande demeure aristocratique. Les murs de ce hall de réception surnommé « salle des ambassadeurs » représentent la visite d’émissaires des États voisins (Chinois, Turcs, Ouïgours etc.) venus célébrer Dieu et son souverain. Cette peinture constitue un témoignage inestimable de l’âge d’or de la route de la soie et de la puissance de Samarcande à cette époque.
Après que la ville a été pillée deux fois par les Mongols, Tamerlan fait de Samarcande sa capitale en 1369. La plupart de ses monuments remarquables furent édifiés par les descendants de Tamerlan, jusqu’au renversement des Timourides par les Ouzbeks en 1507.
Au cœur de la ville trône le Régistan – place sablonneuse en persan –, esplanade emblématique de Samarcande ceinturée de trois médersas. Tandis que la médersa d’Ulugh Beg – petit-fils de Tamerlan – fut édifiée au début du XVè siècle, les deux autres sont plus tardives de deux siècles. Formant un ensemble saisissant depuis la rue, les édifices nous réservent à l’approche une drôle de surprise : que sont donc ces panneaux de bétons qui se décollent des murs ?
Au début du XIXè siècle, un violent séisme abîme dramatiquement les bâtiments historiques. Jules Verne donne une description des madrasas du Régistan suite à ce séisme dans son roman Claudius Bombarnac paru en 1892 :
« Beau quadrilatère, peut-être un peu gâté par ce fait que les Russes l’ont agrémenté de pavés et orné de candélabres […]. Sur trois côtés de cette place se dressent les ruines bien conservées de trois médressés, où les « mollahs » donnent aux enfants une instruction très complète. Ces médressés, – on compte dix-sept de ces collèges à Samarkande et quatre-vingt-cinq mosquées, – ces médressés s’appellent Tilla-Kari, Chir-Dar et Oulong-Beg. D’une façon générale, on peut dire qu’ils se ressemblent : portique au centre, conduisant aux cours intérieures, murs en briques émaillées, teintes de jaune pâle et de bleu tendre, arabesques dessinées en lignes d’or sur fond de bleu turquoise, la couleur dominante, minarets inclinés qui menacent de tomber et ne tombent jamais, heureusement pour leur revêtement d’émail […]. »
En 1897, un nouveau tremblement de terre transforme ces « ruines bien conservées » en véritables ruines.
Dès 1920 les Soviétiques entament des travaux pharaoniques de restauration de la médersa Ulugh Beg, renforçant les éléments toujours debout, redressant deux minarets et reconstruisant les parties effondrées. Ce chantier dure plus de soixante-dix ans et seuls les dômes extérieurs et un minaret manquent par rapport à l’édifice original. Des travaux comparables furent mis en œuvre pour les autres monuments de Samarcande, nécessitant de reconstruire ou renforcer les voûtes, déplacer des dômes afin de consolider les murs et les toits avant de les remettre en place, redresser et réparer les minarets et restaurer les mosaïques. Ces ouvrages ont été effectués à l’aide de béton et ciment, et certains murs ainsi reconstruits commencent malheureusement à se délabrer cinquante ans après leur édification.
Face à la médersa Ulugh Beg, la médersa Cher-Dor construite en miroir est atypique par ses représentations figuratives – comme la médersa Nadir Divan-Begui de Boukhara. Au cours d’une discussion avec l’un des gardiens du Régistan, ce dernier nous propose de venir le lendemain matin avant l’aurore pour profiter du spectacle magique de ce lieu alors vide. Enthousiasmés, nous nous présentons comme convenu dès potron-minet, graissons la patte de notre bienfaiteur et parcourons les cours des trois médersas, spécialement illuminées par notre hôte. A la fin de notre expédition, il nous mène jusqu’au sommet du minaret d’où nous avons une vue à 360° de la ville. La grimpette dans les anciens escaliers et le passage sur le toit de tôle ne se révèlent qu’à moitié rassurants mais l’excursion vaut le détour.
Pendant que Fred gambade dans tous les coins à la recherche du meilleur angle pour ses photos, je discute avec le gardien curieux de partager ses points de vue avec un migrant occidental. Très rapidement, il m’entretient sur la religion, le sexe avant le mariage, les unions libres et l’homosexualité. J’ai fréquemment remarqué que les Centrasiatiques ne semblent pas avoir de sujet tabou, mais je ne saurais dire si cela s’applique uniquement aux discussions avec les étrangers. Sa connaissance des mœurs françaises est plutôt bonne même si quelques phantasmes leurs collent à la peau. Les Centrasiatiques semblent souvent s’imaginer les pays occidentaux comme des lieux de liberté sexuelle absolue, tels de gigantesques rassemblements hippies. Le vote du mariage pour tous – la télévision russe poutinienne relaie bien les opinions occidentales conservatrices, voire rétrogrades – paraît par ailleurs leur faire croire que l’homosexualité est devenue la norme chez nous. Je lui explique donc que l’idée politique française est que la République doit garantir à chacun le droit de vivre tel qu’il est, quelles que soient ses convictions, son origine ou sa sexualité tant qu’il n’empiète pas sur la liberté et la sécurité des autres. Et je lui explique que même si cette conception convient à la majorité des Français, un certain nombre demeure hostile au fait que d’autres ne vivent pas comme eux et s’accrochent souvent à des valeurs soi-disant héritées d’une morale supérieure pour justifier leur position. Mon interlocuteur, bien que franchement en désaccord avec ma théorie, ne manifeste aucune animosité et conclut juste que nous avons deux cultures différentes. Cela me frappera à chaque fois que j’aurai une discussion sur des sujets sensibles ; on peut être en complète opposition dans une discussion animée et argumentée – même si chaque raisonnement peut paraître fallacieux à l’autre partie – mais le débat se termine toujours par une cordiale poignée de main et un plaisir partagé d’avoir discuté. De même, alors que les femmes ne serrent habituellement pas la main, aucun homme n’a jamais rechigné à me saluer de la sorte, de même que les femmes le font volontiers si nous amorçons le geste. Les Centrasiatiques semblent parfaitement accepter que nos règles soient différentes, et se rangent même souvent naturellement à celles de leur interlocuteur de passage. Cela dit, la religion ayant pris beaucoup d’importance dans la région depuis la chute de l’URSS, je ne recommanderais pas à deux homosexuels d’y afficher leur sexualité.
La mosquée Bibi-Khanym, inspirée de la mosquée Tughluq admirée par Tamerlan en Inde, est innovante par son utilisation de marbre, inhabituel en Asie centrale. Fortement abîmée par les tremblements de terre, elle demeure en très mauvais état et subit toujours des réparations de fortune. Dans un des bâtiments restaurés, une famille d’Ouzbeks de Chakhrisabz en tourisme à Samarcande nous observe avec intérêt. La fillette est finalement expédiée au front pour nous exposer ses compétences en anglais ! Les parents rougissent de fierté de la voir discuter dans cette langue qui représente pour eux l’ouverture sur le monde. Nous rencontrons de très nombreux Ouzbeks rêvant des États-Unis, de partir y travailler pour les jeunes ou d’y envoyer leurs enfants pour les moins jeunes. On sent que pour eux ce pays domine largement tous les autres. Partir à l’étranger c’est bien, mais partir aux États-Unis, c’est quand même mieux ! Nous sommes d’ailleurs affligés de voir que la réussite de ces derniers va jusqu’à faire ingurgiter gaiement deux litres de soda par jour à une importe partie de la population.
Malheureusement les études à l’étranger sont hors de prix pour la majorité des Ouzbeks – même si certains parents s’endettent terriblement pour l’offrir à leurs enfants – et ils n’ont visiblement pas conscience du racisme auquel ils risquent d’être confrontés. Les touristes qu’ils rencontrent sont loin d’être représentatifs et se comportent de toute manière différemment hors de chez eux.
L’intérieur de ce bâtiment – ainsi que celui du mausolée de Bibi-Khanym, femme de Tamerlan, situé juste en face – vient d’être repeint, arborant de superbes ornements à motifs géométriques, paysagers et calligraphiques, bleus et or. Mais le bijou du style demeure le mausolée de Tamerlan, dont le faste laisse pantois. Dorés à l’aide d’une prodigieuse quantité de feuilles d’or, les murs et plafonds sont extraordinaires, mélangeant des enluminures de toutes sortes : calligraphie arabe, arabesques, feuilles, fleurs, tiges entrelacées, étoiles à cinq, six, huit ou douze branches, croix, etc. Au-dessus de l’iwan, des motifs floraux rappellent les fleurs de lys, dont les pieds créeraient des étoiles à six sommets. Le tombeau de Tamerlan en néphrite (jade vert foncé) – il s’agit en réalité d’un cénotaphe car les corps se trouvent dans la crypte en dessous – est plus petit que celui de son professeur et mentor Mir Saïd Baraka. Dans la tradition, le professeur reste toujours supérieur à son élève, fusse-t-il l’empereur. Comme dans les autres édifices de l’époque, de nombreuses références à la religion se cachent dans les détails. Des quatre minarets originaux, un seul subsiste. Sous son chapiteau richement décoré de stalactites panachées, des bandes spirales en brique et mosaïque forment des mots d’écriture coufique tirés de la profession de foi islamique. De même, la coupole surplombant le mausolée possède soixante-quatre nervures, représentant l’âge de Mahomet à sa mort.
Proche des vestiges d’Afrasiab, la nécropole Chah-e-Zindeh forme l’un des plus beaux ensembles de Samarcande. Composée de onze mausolées datant pour la plupart du XIVè et XVè siècles – seules des fondations et des pierres tombales proviennent du XIè siècle –, la nécropole éblouit par la sophistication de ses parures : céramiques émaillées et sculptées, peintures figuratives, inscriptions calligraphiques en arabe et en persan, dessins floraux et géométriques. Certaines portes étaient même recouvertes d’ivoire. Afin de visiter ce site sacré, Fred doit enfiler un séduisant pantalon bleu : j’ai enfin ma revanche de la mosquée de Boukhara !
Ulugh-Beg, petit-fils de Tamerlan, fut un astronome et mathématicien émérite. Il fit construire en 1420 un observatoire astronomique équipé d’instruments innovants et rassembla autour de lui plusieurs mathématiciens et astronomes exceptionnels. L’œuvre principale de son équipe, qu’il perfectionna jusqu’à sa mort, fut l’ouvrage d’astronomie Tables sultaniennes qui décrit plus de mille étoiles – dont certaines inconnues jusque-là – et fut considéré d’un intérêt majeur lorsqu’il atteignit l’occident vers 1500. La démarche d’Ulugh Beg, purement scientifique et à l’opposé des dogmes religieux, motiva la destruction de son observatoire par des intégristes à sa mort. Le musée de l’observatoire nous permet par ailleurs d’observer des originaux d’un art traditionnel de la région : les miniatures. L’Islam interdisant la représentation figurative, cet art se serait développé après l’arrivée des Arabes afin de permettre aux Centrasiatiques de cacher leurs icônes.
Lors de notre passage, la mosquée Khazrat Khizr est en plein travaux : elle est entièrement restaurée afin d’accueillir à ses côtés le mausolée d’Islam Karimov, premier président (dictateur) du pays décédé à l’automne 2016.
Un autre site attire de nombreux pèlerins : le tombeau du prophète Daniel, révéré à la fois par les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans. Tamerlan aurait ramené son corps d’une expédition en Perse et créé son mausolée à proximité d’une source sacrée. D’après la légende, son corps a continué de grandir après sa mort, entraînant un agrandissement de son cercueil. Le sarcophage actuel mesure ainsi dix-huit mètres de longueur…
Il nous reste après Samarcande deux sites historiques à visiter en Ouzbékistan : Chakrisabz, ville natale de Tamerlan qui devait accueillir son tombeau, et Termez, ville la plus méridionale du pays, à la frontière de l’Afghanistan (et par où les Soviétiques étaient entrés avec leurs chars en 1979).
La route de Samarcande à Chakrisabz traverse l’extrémité des monts Zeravchan. Vers l’est, ces derniers divisent le Tadjikistan en deux, la région septentrionale formant une péninsule en terres ouzbèke et kirghize de la vallée du Ferghana. Nous dégustons sur le chemin le plat traditionnel de la région : du mouton cuit à l’étouffé dans un four de terre et assaisonné d’herbes. Il est très réussi et nous nous réjouissons de varier le menu même si la matière première demeure la même.
Alignés le long d’une vaste allée piétonne flambant neuve, rectiligne et immaculée, les bâtiments bien restaurés rappellent ceux de Samarcande malgré un côté aseptisé. Nous ne nous éternisons pas sous le soleil de plomb, les arbres fraîchement plantés de la promenade ne procurant pour l’instant aucun ombrage.
Termez
Termez nous renvoie à notre séjour chinois, empreint de bouddhisme et de vieilles citadelles de terre. Je déniche sur internet un guide russe très enthousiaste, qui nous entraîne aux quatre coins de la région.
Parmi les sites anciens que nous visitons, je suis particulièrement intéressée par Kampir-Tepe, ville portuaire fortifiée sur l’Amou-Daria, fondée à la fin du IVè siècle avant Jésus-Christ. Alexandre le Grand, poursuivant un roi ennemi, aurait pu traverser l’Amou Daria à cet endroit. Il aurait ensuite ordonné la création de villes afin d’y déporter la population bergère et paysanne qui s’était à plusieurs reprises soulevée contre lui, et la réduire en servage. Ces villes seraient Ai Khanum située aujourd’hui à la frontière afghano-tadjike et / ou Kampir-Tepe, à la frontière afghano-ouzbèke. Ces deux villes pourraient correspondre à l’Alexandrie sur l’Oxus évoquée par Ptolémée. Les fouilles ont permis de montrer que les religions grecque, zoroastrienne et bouddhiste y ont coexisté pacifiquement, tolérance typique du royaume kouchan. L’origine de ce royaume remonterait aux années -135, lorsque les cinq tribus Yuezhi se déplacent du bassin du Tarim et du Gansu – aujourd’hui en Chine – vers la Bactriane qui englobe l’Ouzbékistan et le nord de l’Afghanistan. Les dynasties grecques qui occupent ces régions depuis deux siècles sont alors repoussées vers le Pakistan, dans le bassin de l’Indus. L’une des cinq tribus, celles des Yuezhi des Guishuang dont le nom devient Kouchan en occident, prend le pouvoir le siècle suivant. Les Kouchans s’étendent dans les régions limitrophes et intègrent rapidement de nombreux éléments des civilisations qui coexistaient déjà. Sous leur règne se développe l’« art gréco-bouddhique » du Gandhara, syncrétisme bien plus complexe que son nom ne le laisse supposer. Durant le règne de Kanishka Ier – au Ier ou IIè siècle de notre ère –, le royaume relie le commerce de l’océan indien à la route de la soie. Lors de fouilles, on a retrouvé de cette même période des pièces estampillées de trente dieux de religions différentes, démontrant cette tolérance héritée du bouddhisme.
Jusqu’alors florissante, Kempir-Tepe aurait été rasée par une déviation du cours de l’Amou-Daria au IIè siècle de notre ère, laissant encore aujourd’hui de nombreuses poteries apparentes dans ses falaises de terre qui surplombaient le fleuve.
Les retrouvailles avec un stupa perdu au milieu des champs nous réjouissent après la quasi-saturation de merveilles timourides. Haut d’environ douze mètres, le stupa Zurmala date des deux premiers siècles avant notre ère et fut le premier vestige bouddhiste découvert en Asie centrale au début du XXè siècle. A quelques kilomètres demeurent également les ruines restaurées et désormais protégées d’un monastère bouddhiste, Fayaz-Tepe. Un bouddha du IIè siècle ap. J.-C. à la coiffure grecque et entouré de colonnes corinthiennes illustre le mélange des genres qui eut lieu dans la région pendant l’Empire kouchan.
Du côté du minaret de Jarkurgan édifié il y a neuf cents ans, le complexe Sultan Saodat abrite les tombes de l’influente dynastie Sayyid de Termez, qui se réclamait descendante directe du prophète Mahomet. A la fin de notre périple dans ces quelques pays musulmans, j’ai vraiment le sentiment que Mahomet a eu une descendance (très) nombreuse et que certains de ses héritiers possédaient le don d’ubiquité, du moins à leur mort !
Nous achevons notre visite de la région de Termez par le palais d’été de l’émir Kirk Kiz, construit aux IXè et Xè siècles. Construction relativement complexe en adobe, Kirk Kiz offre une collection des techniques de construction et des expérimentations architecturales de l’époque médiévale en Asie centrale. Un gardien-berger veille sur le monument ; nous nous présentons puis déambulons dans l’ancien palais tandis qu’il discute avec notre guide. A la fin de nos flâneries, nous les rejoignons pour papoter. Je regrette que nous n’ayons pas pris de photo de ce gardien impécunieux mais si joyeux, convaincu que les Françaises sont les plus belles femmes du monde et sentent toujours bon ! Il a d’ailleurs immédiatement retenu mon prénom et prend grand plaisir à le répéter à tout propos. Rarement nous auront vu quelqu’un d’aussi rayonnant malgré un sourire si sérieusement édenté. C’est probablement ce que j’ai trouvé de plus touchant et qui m’a fait me sentir si bien en Asie centrale : cette capacité des gens à vivre un moment de bonheur grâce à une situation sortant de l’ordinaire, même si le reste de leur vie est laborieux. Cette joie contagieuse qu’ils transmettent à la personne qui les rencontre – si elle s’y intéresse et y est réceptive – a vraiment rendu cette partie du voyage unique.
Après quelques heures de taxi pendant lesquelles je suis à nouveau entretenue de religion et de sexualité, nous parvenons à la frontière entre l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Un monsieur nous propose pour deux dollars de porter nos bagages dans sa brouette jusqu’à l’autre côté de la frontière. Nous sommes en effet bien chargés : deux gros sacs à dos bien remplis, deux petits et une énorme valise à roulettes achetée bon marché à Samarcande pour transporter notre céramique. Fred s’estime lésé par ce tarif exorbitant (sic) et refuse l’offre avec grandiloquence. Mal lui en a pris, il y avait bien un kilomètre de montée entre les deux postes frontières. Au bout de cent mètres, l’une des roulettes de la valise se brise et le calvaire de Fred commence réellement. N’ayant pas soutenu son intransigeance avec l’ouzbek et sa brouette, je le laisse généreusement se dépêtrer tout seul. Au mitan des deux postes, un monsieur propose son aide pour dix dollars, mais la fierté de Fred l’empêche évidemment d’accepter un tel échec. Il arrive difficilement au deuxième poste, transpirant et à bout de forces et s’écroule par terre. Suspicieux, les douaniers nous demandent alors d’ouvrir la valise et d’ouvrir un paquet bien ficelé : la serrure de notre valise (décidemment une bonne affaire) s’arrache d’un côté, rendant l’opération chaque fois plus délicate. Nous sommes finalement relâchés sans avoir abandonné le moindre pot de vin (ce qui n’a pas été si évident côté tadjik) et parvenons enfin de l’autre côté de la frontière pour de nouvelles aventures.
Album Samarcande Album Chakhrisabz Album Termez
quel plaisir de vous lire. Nous ne connaissons pas cette partie du monde. Nous sommes mon mari et moi des voyageurs qui ne voyagent plus. Nous mettons en avant notre grand age 76 et 80. Mais votre blog nous donne très envie. Surtout que je viens de recevoir un mail. D’amis qui sont à Samarkande en ce moment.
Profitez bien de vos voyage. Nous sommes. Partis un an. En 2010
Nous sommes partis. Du Laos où vivait notre fille vers l’Australie nouvelle Zélande Les îles de l’océan pacifique puis l’Amérique du Sud . Et retour Europe. Je vous embrasse. Coeurdialement Annie