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Alors que les nombreuses petites îles de Nouvelle-Calédonie possèdent quasiment toutes des plages idylliques, Grande Terre en est dépourvue et offre des activités plutôt terrestres.
Deux types de scélérats
A notre retour à Nouméa, le contraste avec l’ambiance de petit village de l’île des Pins est saisissant, surtout lorsque nous découvrons que notre chauffeur de taxi zoreille ne connait même pas l’existence de la fête kanake de l’igname, principale préoccupation de l’île située à moins de cinquante kilomètres de Grande-Terre. Nous sommes assez choqués de découvrir une personne venue vivre à l’autre bout de la planète juste pour son climat, sans s’intéresser le moins du monde aux gens chez qui il s’installe et à leur culture. Son intérêt pour les Kanaks semble limité à régurgiter la contrariété que lui procure la délinquance de certains d’entre eux (cette approche condescendante n’était pas celle du premier taxi également zoreille que nous avions rencontré). La ville de Saint-Louis, située en banlieue de Nouméa, est régulièrement agitée par des révoltes contre le pouvoir étatique. Une criminalité y existe depuis plusieurs années, mais les tensions ont dégénéré l’automne dernier lorsque la police a tué un jeune homme évadé de prison qui tentait de forcer un barrage. Les proches de la victime ont déclaré que la police aurait pu éviter de lui tirer dessus, cette dernière a invoqué la légitime défense et les troubles ont commencé. Le chômage particulièrement élevé de ce quartier rappelle la situation des banlieues de métropole, dont les tensions se trouvent très souvent liées à la perte de l’espoir d’une vie meilleure de jeunes gens qui ont des difficultés à trouver leur place dans la société. De plus, la disparition des prérogatives du chef de tribu dans ces banlieues occidentalisées a contribué à la déstabilisation de l’équilibre ancestral, fragilisant l’autorité traditionnelle.
Bien que la situation soit désormais plus calme, il arrive toujours que des cailloux soient jetés sur les voitures parcourant la route nationale, forçant parfois la police à bloquer cette voie qui est la seule permettant d’accéder au sud de l’île. Lors de notre séjour, un accident de moto ayant coûté la vie à une jeune infirmière à cet endroit ravivait les tensions, de nombreuses personnes se demandant si un caillassage n’était pas à l’origine de sa chute. Nous avons eu la chance de ne rien voir de tel lors de nos quelques passages sur cette route qui paraissait même des plus paisibles, mais de nombreuses personnes s’interrogent sur l’impunité dont certains de ces malfrats semblent jouir. La police fait notamment face à une connivence des gens de la tribu qui ne dénoncent pas les leurs, même en cavale.
Une autre forme de banditisme parait bien implantée en Nouvelle-Calédonie : la corruption d’élus ou de fonctionnaires (en majorité métropolitains) qui paraissent également bénéficier d’une scandaleuse impunité, notamment de la part de l’Etat français. Le patrimoine immobilier d’un élu se serait étrangement et fortement accru depuis son élection tandis qu’un fonctionnaire de la mairie de Nouméa vient enfin d’être condamné pour avoir attribué des appels d’offres à certaines entreprises en échange d’une rémunération conséquente. La plupart de ces criminels ne sont pas inquiétés, les pouvoirs politiques se protégeant mutuellement dans leurs malversations. La justice semble donc avoir du pain sur la planche dans toutes les sphères.
Du cagou au kaori
En parcourant les routes néo-calédoniennes méridionales, nos yeux sont tout d’abord fascinés par les montagnes de terre rouge couvertes de forêt. Les précipitations importantes des semaines précédentes donnent un vert profond à la végétation, composées d’essences d’arbres et arbustes variées. Aux chutes de la Madeleine, un sentier botanique nous expose les différents types de flore liés à l’altitude : les plantes basses et petits arbustes colonisent le pied de la montagne, tandis que les kaoris – équivalent local des kauris néozélandais – résident à proximité des sommets.
Au parc provincial de la Rivière Bleue, nous en observons d’ailleurs un gigantesque spécimen de deux mètres soixante-dix de diamètre et vieux d’environ mille ans. Mais surtout après avoir scruté les sols enchevêtrés des collines boisées pendant plus de deux heures, nous apercevons enfin un cagou – ou kagou huppé –, oiseau emblématique et endémique de Nouvelle-Calédonie ! Cet oiseau, bien qu’incapable de voler, n’est pas du tout froussard. Il s’approche même de nous dans sa quête au ver de terre et longe le bord du chemin sur plusieurs mètres avant de s’éloigner à nouveau. De profil, sa crête ou houppe – qui devient un spectacle exceptionnel lors de la saison des amours ou lorsqu’il défend son territoire – s’ébauche légèrement derrière sa tête. Nous avions admiré sur internet des photos de cagous qui sortent le grand jeu, et regrettons de ne pas avoir pu observer un tel spectacle. Deux autres volatiles apparaissent plus loin, tout aussi indifférents à notre présence (sauf quand Fred se met à courir derrière pour avoir LA photo – sans succès).
A l’entrée du parc, la rivière Bleue et la rivière Blanche se jettent dans le lac artificiel de Yaté, dont le barrage avait été bâti en 1959 afin d’approvisionner en électricité une usine de nickel. Ce barrage hydroélectrique fournit en tout vingt à trente pour cent de l’énergie du territoire. De nombreux chênes gomme ont été submergés lors de sa création, enfantant la « Forêt Noyée ». Ces arbres imputrescibles se tiennent toujours bien droits et blancs au milieu de l’eau, tels d’impassibles sentinelles fidèles au poste.
Le nickel, une industrie en péril
En nous engageant dans la route qui longe la côte est puis sud, nous apercevons d’abord d’anciennes mines de fer, puis après plusieurs dizaines de kilomètres d’une route cahoteuse minée de trous gigantesques, nous parvenons à l’immense usine de nickel détenue par l’entreprise brésilienne Vale. L’industrie du nickel assure d’importantes ressources économiques pour l’archipel et emploie une ample main d’œuvre de tous niveaux de formation. Avec les deux autres usines de l’île, elle représente l’espoir de souveraineté des Kanaks qui voteront en 2018 sur leur indépendance vis-à-vis de la France. S’ils votent alors non à l’indépendance, un nouveau référendum aura lieu en 2022, et à nouveau en 2026 si nécessaire. Un oui à l’indépendance serait définitif.
Cependant, le prix du métal ayant fortement chuté ces dernières années, l’état français s’est vu l’automne dernier contraint d’attribuer des prêts de deux-cents millions d’euros chacun à deux des trois entreprises de la région pour éviter la disparition de ces très gros employeurs. Sans une remontée prochaine du cours du minerais, la Nouvelle-Calédonie ne pourrait donc pas compter sur cette industrie capitale dans le pays pour se financer. Les Kanaks semblent globalement très favorables à l’indépendance – ce qui se comprend tout à fait d’un archipel situé aux antipodes de la France dont elle dépend actuellement – mais leur survie économique nécessitera une réflexion importante sur les orientations qu’ils souhaitent prendre. Dans le cas de l’indépendance, il semble probable que l’utilisation de la langue française disparaisse rapidement, toutes les îles alentours – qui pourraient notamment leur apporter du tourisme – étant anglophones.
Les exilés des antipodes
Dans l’ancien village de Prony, désormais charmant hameau de résidences secondaires, subsistent quelques vestiges du bagne. C’est en tant que colonie pénitentiaire que la Nouvelle-Calédonie a commencé sa carrière française. Même si le site apparait de nos jours comme un lieu enchanteur, la vie y était terrible pour les bagnards condamnés à travailler dans des conditions difficiles, par grandes chaleurs ou sous la pluie, à abattre des arbres et les déplacer dans une forêt dense et vallonnée. Beaucoup moururent rapidement ; certains avaient été exilés ici pour le vol d’une brosse à cheveux ou d’un pied de courgette. La France se débarrassait ainsi sans ménagements de sa misère qui la dérangeait.
De nombreux communards furent également bannis suite au soulèvement des Parisiens de 1871. Prônant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ils avaient édifié dans le cimetière des déportés de l’île des Pins une grande pyramide pour remplacer les croix chrétiennes.
Autour des fondations surélevées de la maison du directeur du bagne, un superbe banian a investi les anfractuosités de ses multiples et tortueuses racines.
Bien que nous n’ayons arpenté qu’une faible partie de Grande-Terre, nous avons été enchantés par la découverte des paysages, la douceur du climat qui nous a finalement épargné les ondées annoncées, mais également par nos contacts faciles et enrichissants avec les habitants de l’archipel. La rencontre du peuple kanak, authentique, blagueur – souvent pince-sans-rire, ce qui fut déroutant au départ – et convivial nous a particulièrement marqués et enthousiasmés.
Dîner d’anniversaire à Nouméa
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Vous êtes beaux ! Dans une nature somptueuse ! Merci pour ce partage , je bous embrasse, ml
Toujours aussi beau et aussi intéressant:pour un beau voyage c’en est un magnifique . Bonne continuation et
continuez . Merci de penser à nous . Bisous
De Bretagne ou nous sommes sous la pluie votre voyage n’en est que plus merveilleux et réconfortant…Profitez bien de ces somptueuses régions du monde et continuez à nous ravir,
Joyeux anniversaire !
Et le beau périple continue…….
Bisous !