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Te Ika-a-Maui, ou « Le poisson de Maui » – Île du Nord de Nouvelle-Zélande
Lové dans un recoin des fjords septentrionaux de l’île du Sud aux eaux couleur émeraude et où s’éparpillent les fermes aquacoles, Picton abrite le port d’appareillage du ferry à destination de l’île du Nord. Le passage du redouté Détroit de Cook s’effectue paisiblement jusqu’à Wellington, capitale très ventée du pays. En remontant vers le nord-est, nous parvenons à Hastings – évidemment avec une fière pensée pour Guillaume le Conquérant – puis à Napier, cité qui a protégé son architecture art-déco des années 1930. Suite au fort séisme de 1931, le centre-ville avait été partiellement rasé puis rebâti dans ce style. Les façades bien préservées donnent un charme certain à cette petite ville, qui contraste fortement avec la majorité des localités sans âme que nous avons traversées jusque-là. Les pins de Norfolk – conifères de la famille des Araucarias issus de l’ancien supercontinent Gondwana – ourlent la longue plage de sable noir. Ce supercontinent formé il y a environ six cents millions d’années (ou six-cent mégaannées, unité notée Ma) se situe alors au niveau du pôle Sud ; il est aussi appelé Protogondwana à cette époque (Paléozoïque). Pendant plusieurs centaines de millions d’années, de nombreux fragments se détachent mais des collisions le soudent également quelque temps au supercontinent Laurussia. Après la fracture de cette union il y a environ deux cents Ma, le Gondwana commence à se morceler quarante Ma plus tard, perdant successivement l’Afrique, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, le bloc australien, la Nouvelle-Guinée et l’Amérique du Sud (qui s’est liée à l’Amérique du Nord il y a moins de quinze millions d’années), laissant l’Antarctique seule au pôle Sud. Quelques arbres – tels les conifères de la famille des Araucarias qui existait déjà il y a cent quatre-vingts millions d’années – ont peu évolué et appartiennent ainsi toujours à la même famille malgré leurs territoires distincts depuis si longtemps.
Le périple continue vers le centre de l’île, où l’activité volcanique bat son comble. Des parcs sont aménagés pour observer les fumeroles sulfureuses qui s’échappent d’anfractuosités tandis que des sources d’eau chaude jaillissent de tous côtés. Le summum du spectacle géologique se trouve au parc Wai-O-Tapu, où toutes formes et couleurs de roches coexistent, toutes plus incroyables les unes que les autres. Des minéraux variés sont à l’origine de chacune des couleurs et se mélangent à l’infini pour créer une grande variété de nuances (soufre : jaune, antimoine : orange, oxyde de manganèse : violet, silice : blanc…). L’arrivée dès l’ouverture du parc nous permet de jouir en toute quiétude des spectacles incroyables de la nature dans un cadre idyllique. Les bassins d’eau fraiche ou bouillante, combinant les teintes orange et bleue, ou jaune, marron, verte et exhibant des bulles ou des fumerolles se succèdent et nous éblouissent.
Une fiche rose traduisant les notes de visite en français nous a été remise à l’entrée ; observant quelques autres touristes équipés également d’un feuillet rose, nous en déduisons d’abord qu’ils sont français. Puis les feuilles roses augmentant redoutablement jusqu’à représenter un tiers des visiteurs, notre raisonnement parait douteux. Pourtant, après avoir mené une enquête plus pointue, notre théorie initiale est confirmée ! Les légions de touristes français rencontrés en Nouvelle-Zélande nous avaient déjà stupéfiés, mais cette preuve irréfutable d’une telle proportion nous effare.
A l’autre extrémité du parc, la foule se presse pour assister à l’éruption du geyser Lady Knox. J’avais entendu parler de ce geyser qui apparait tous les jours à 10h15 et je ne parvenais pas à comprendre le phénomène physique qui pouvait générer une telle exactitude ! Tous les jours au lever du soleil pourquoi pas, mais à la même heure, cela me paraissait incroyable. Et en effet : tous les matins à 10h15, un guide jette un sachet de savon dans le conduit du geyser, provoquant par réaction chimique le jaillissement de l’eau (naturellement il aurait lieu toutes les trois à soixante-douze heures). Tout s’explique…
Le magasin de souvenirs expose une reproduction grandeur nature de Beety qui me fait de l’œil, et que mes parents m’offrent pour mon anniversaire. Elle deviendra l’actrice principale de la reconstitution de notre observation du véritable kiwi que vous avez pu voir dans l’article précédent (il était interdit de prendre des photos lors de notre excursion).
Les termes voisins sont issus d’une source naturelle d’eau à 98°C que l’on peut contempler au terme d’une courte sente engloutie dans la vapeur. La rivière s’écoule sur quelques kilomètres, atteignant 50-60°C, avant de se mêler à l’eau froide. La végétation tropicale qui ceinture le cours d’eau est notamment composée de très fines fougères qui ne prolifèrent normalement qu’à des latitudes proches de l’équateur. Les pancartes « Attention, eau bouillante » qui longent le ruisseau au milieu de la nature nous déconcertent à chaque fois !
Après tant de découvertes, nous hésitons à visiter un lieu touristique simplement désigné par « cascade ». Cependant plutôt qu’une cascade, l’eau bleu clair d’une vaste rivière s’engouffre dans un goulet et forme un torrent d’une rare violence sur plusieurs dizaines de mètres. Son débit impressionnant permettrait de remplir deux piscines olympiques à la minute !
En observant toutes ces richesses naturelles, l’avantage énergétique de la Nouvelle-Zélande parait évident, lui permettant de produire près de quatre-vingts pour cent de son électricité grâce aux énergies renouvelables (par ordre d’importance décroissant : productions hydraulique, géothermique et éolienne). Néanmoins, à cause de la présence de nombreuses usines d’aluminium fortes consommatrices d’électricité, la consommation d’énergie primaire par habitant y est plus élevée que la moyenne des pays de l’OCDE. Le pays est par ailleurs producteur de pétrole, gaz naturel et charbon.
A Rotorua nous visitons l’ancien village māori Ohinemutu, directement construit au milieu des fumerolles et des puits d’eau chaude. L’odeur du souffre n’est guère agréable mais les conduits qui sortent directement de terre pour chauffer les maisons s’avèrent certainement bien pratiques. Habituellement bicolores ou tricolores, les décorations māories marient l’ocre, le blanc et le noir, et figurent des guerriers ancestraux à l’air franchement cruel. La généalogie est primordiale dans la culture māorie, chaque personne pouvant réciter la liste de ses ancêtres depuis le premier aïeul installé à Aotearoa – « La terre du long nuage blanc » ou Nouvelle-Zélande – ce qui représente aujourd’hui vingt à trente générations ! Les coquillages de nacre ornent les façades et représentent fréquemment les yeux des sculptures. Au côté de l’église trône le vestige d’un canoé de guerre, sculpté traditionnellement dans une unique pièce de bois, idéalement de kauri – Agathis australis, arbre endémique au tronc rectiligne pouvant atteindre une hauteur de cinquante mètres. On ressent rapidement la culture belliqueuse de ce peuple en observant son art guerrier omniprésent dans ses constructions. Les guerres entre clans – « iwi » en māori – étaient fréquentes, et les vaincus pouvaient servir de dîner dans cette société parfois anthropophage – ce qui arriva également à quelques missionnaires…
Probablement débarqués à Aotearoa dès la fin du XIIIe siècle depuis des îles du Pacifique, les Māoris déforestèrent (toutefois moins massivement que les britanniques) pour faciliter la chasse et l’agriculture sur brûlis, et exterminèrent trente-cinq espèces animales. Parmi ces animaux disparus, deux semblent aujourd’hui rendre particulièrement nostalgiques les Néo-Zélandais. D’abord le moa – gigantesque oiseau dépourvu d’ailes et cousin éloigné de l’émeu australien – dont certaines espèces dépassaient les trois mètres de hauteur. Puis l’aigle de Haast, l’un des plus grands aigles connus à ce jour qui pouvait atteindre jusqu’à trois mètres d’envergure et une quinzaine de kilos. Il chassait essentiellement le moa, et disparut donc suite à l’extinction de celui-ci. Sans prédateur mammifère avant l’arrivée de l’homme – les seuls mammifères terrestres endémiques étant des chauves-souris – la population de ces deux oiseaux a été décimée en un siècle par les Māoris.
A leur tour établis sur l’île, les Européens – bien que conscients que certaines espèces étaient en voie d’extinction – tuaient les animaux les plus « exotiques » pour les exhiber comme trophées de retour à la mère patrie. Ils en éradiquèrent ainsi huit de plus.
Bien que la colonisation de la Nouvelle-Zélande par les Britanniques ait été considérablement moins sanglante et plus respectueuse des autochtones que dans la majorité des autres pays (tous Européens confondus), l’inégalité de l’accès à l’éducation et aux richesses dès le début du XIXe siècle est considérée aujourd’hui comme responsable de la situation sociale plus difficile de nombreux Māoris. Le traité de Waitangi signé en 1840 – considéré comme l’acte fondateur du pays – proclame la souveraineté britannique sur l’île et est censé protéger les droits et terres des autochtones. Cependant, la compréhension des implications de ce document par les Māoris à l’époque est toujours débattue. Entre 1840 et 1891, la population māorie diminue de quatre-vingt mille à quarante-deux mille personnes principalement à cause de maladies importées par les Européens mais également de conflits armés issus du non-respect du traité par les autorités coloniales britanniques. Sous la pression des colons, les autorités permettent à ces derniers d’acheter des terres māories pour des montants très inférieurs à leur véritable valeur, voire de les saisir en réprimant violemment la résistance indigène.
Sur la rive opposée du lac de Rotorua, une charmante promenade longe le ruisseau à l’eau diaphane Hamurana, alimenté par un ensemble de sources qui se trouvent être les plus profondes de l’île du Nord. La plus importante d’entre elles est Puna-a-Hangarua, profonde de quinze mètres et dans laquelle les flâneurs aiment jeter des pièces pour en contempler la lente valse descendante, rendue irrégulière par les courants ascendants. Plus loin, la source du « sable qui danse » surgit du sol en de multiples petits jets d’eau expulsant continuellement le sable. Une futaie de hauts séquoias – dont les graines rapportées de Californie ont été semées en 1919 – borde d’un décor étonnant mais peu naturel la rive orientale du cours d’eau. De nombreux cygnes noirs, fuligules de Nouvelle-Zélande et canards divers – ainsi que les truites arc-en-ciel en été – apprécient les eaux fraîches du ruisseau, toute l’année à dix degrés Celsius.
Alors que nous prévoyions de sillonner la péninsule de Coromandel le lendemain, des trombes d’eau s’abattent pendant la nuit et restent prévues dans la région pour les deux prochains jours. Nous bifurquons donc vers l’ouest, profitant une dernière fois de sources d’eau chaude à Miranda, et nous orientons vers le parc régional Waitakere.
Ce parc abrite des kauris – conifères de la famille des Araucariacées comme les pins de Norfolk, et l’Araucaria Araucana en Amérique du Sud – qui peuvent atteindre plus de sept mètres de diamètre et cinquante mètres de hauteur. Ces arbres sont sacrés pour les Māoris : les plus anciens portent un nom et sont révérés comme des divinités. Cela n’empêchera pas les colons européens d’abattre massivement leurs forêts pour en exporter le bois : seuls quatre pour cent de la surface des forêts de kauris du début du XIXe siècle subsiste.
Afin d’empêcher les plantes grimpantes de se fixer à son tronc, le kauri renouvelle régulièrement son écorce et se dépouille de ses branches les plus basses au cours de sa croissance. Cette ancienne forêt dont le cœur a été préservé (les autres zones sont actuellement réhabilitées) abrite de nombreuses essences qui ont disparu des régions agricoles. Le ponga, fougère arborescente endémique et symbole de la Nouvelle Zélande – reconnaissable à ses branches grises – s’y développe également.
A quelques kilomètres vers l’ouest, la plage de Karekare, au sable gris foncé, bordée de falaises et rendue célèbre par le film La leçon de piano de Jane Campion, dégage une atmosphère mystérieuse avec la brume des embruns. On y accède par un sentier croisant de monumentaux arbres tordus, de la végétation arbustive puis des dunes ; seuls quelques surfeurs nous tiennent compagnie dans cette thébaïde.
Nous profitons alors de notre dernière soirée chez les Kiwis, en se remémorant tous les paysages époustouflants que nous avons pu admirer et qui ont séduit de nombreux réalisateurs, dont Peter Jackson qui y a tourné Le Seigneur des Anneaux. Les relations avec les Néo-Zélandais ont été limitées, mais les retrouvailles en famille incitent peu à rencontrer les locaux. A croire qu’on se suffit à nous-mêmes !
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Encore des paysages époustouflants que nous avons l’impression de découvrir
avec vous tant Laure nous les décrit avec précisions !
Merci pour cette visite chez les KIWIS !!
Votre présentation de l’activité volcanique ,nous a rappelé notre voyage en Islande et notamment l éruption des geysers !!(grâce au savon!!)
Nous prenons toujours autant de plaisir à vous lire
Amitiés J&G
Merci pour ce carnet de route, les image sont magnifiques, l’écriture est forte et nous embarque.
Je vous embrasse, ml
Superbes photos, quel talent fred! Je suis impatiente de faire la connaissance de Betty. Bisous
ich glaube ihnen nicht, das ist unrealistisch
Europe, and in Ancient Russia
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