Guayaquil
Sur la route de Guayaquil, nous traversons brièvement le Parc Las Cajas que nous avait recommandé Miguel. Nous avions besoin de repos à Cuenca et l’avons donc omis, mais les étendues d’eau dispersées dans les montagnes laissent effectivement présager de nouveaux paysages magnifiques.
La plaine entre les Andes et Guayaquil semble très fertile, et des champs de maïs et d’arbres fruitiers (dont une majorité de bananiers) s’étendent à perte de vue.
Nous ne sommes à Guayaquil que pour une soirée, partant en avion pour Lima tôt le lendemain. Notre découverte se limite donc à la visite de la promenade Malecon 2000, le long du fleuve Guayas. Même si certaines parties de la promenade s’apparentent à un centre commercial nord-américain, la balade est plutôt agréable entre la vue sur le vieux village perché sur la colline, un vieux gréement, un marché construit en 1905 par Gustave Eiffel et les températures douces.
Nous avons également l’immense joie de retrouver à Guayaquil le camion-poubelle musical ! Nous avions découvert son frère à Otavalo, qui faisait une musique de vendeur de glaces. D’abord intrigués par ce son qui se déplaçait dans la rue, nous l’avions aperçu dans toute sa splendeur en se collant aux vitres de l’hôtel, mais malheureusement je n’avais pas été assez prompte à en faire une vidéo ! En retrouver un juste avant de quitter l’Equateur nous réjouit donc fortement, même si sa mélodie est assez différente. Nous le poursuivons donc quelques temps le long de la rue, armés de notre appareil photo. Un éboueur très content de se faire filmer nous fait même coucou. (Montez le son pour mieux profiter de la musique !)
Par ailleurs, c’est à Guayaquil que nous commençons notre collection de crèches, décorations et sapins de noël que vous retrouverez dans nombre de nos albums suivants !
Politique
Les Equatoriens avec lesquels nous avons passé du temps (principalement nos guides Miguel et Andres) ont aimé parler de leur pays et politique, nous permettant de mieux comprendre le pays.
Au désespoir de Miguel, la société est encore très catholique pratiquante, faisant que les jeunes gens se marient dès 18-20 ans et ont des enfants très tôt. Cependant elle évolue petit à petit car alors que les générations précédentes avaient au moins 10 enfants, le plus fréquent aujourd’hui est d’en avoir 2 ou 3.
Les indigènes n’ont quasiment aucun droit jusqu’à la 2ème moitié du XXème siècle (ils sont presque traités comme des esclaves jusque-là) quand leur situation commence à évoluer, et ils sont alors enfin considérés comme des citoyens à part entière et ont accès à l’éducation.
Au cours du XXème siècle, l’Equateur vit une grande instabilité politique, les gouvernements se succédant les uns aux autres, souvent sans même finir leur mandat. Economiquement, le pays est également fragile et les écarts de richesse se creusent. A l’orée des années 2000, le gouvernement en place décide de remplacer la monnaie nationale, le sucre, par le dollar états-uniens. Cette mesure impopulaire déclenche un changement de gouvernement qui la maintient cependant. Dans cette période précédant sa disparition, le sucre passe de 8000 à 25000 contre le dollar, appauvrissant dramatiquement la classe moyenne dont les économies se réduisent comme peau de chagrin. Cependant, à plus long terme, ce changement de monnaie apporte une stabilité économique au pays qui se ressent aujourd’hui.
L’instabilité politique se termine en 2006, date à laquelle Rafael Correa est élu président. Son discours de gauche, bien que proche de celui des précédents élus, est pour la première fois suivi d’actions d’envergure. L’école devient presque gratuite, et obligatoire jusqu’à 18 ans, les salaires des fonctionnaires sont revalorisés et un salaire minimum de $385 est instauré. L’Etat lance de grands projets : les hôpitaux se multiplient et des travaux majeurs d’infrastructure routière voient le jour ; les femmes ont désormais le droit d’intégrer la police et l’armée (on a d’ailleurs pu en voir de nombreuses, notamment à Quito). Les contrôles sur les route sont fréquents et les amendes très élevées : par exemple conduire avec de l’alcool dans le sang coûte environ $700 (presque 2 smics) en plus des risques de procédure ! D’après Miguel, il est encore possible de s’arranger avec les policiers masculins, mais les policières seraient incorruptibles…
Ces avancées sociales, et en particulier l’instauration du salaire minimum, ont cependant déstabilisé l’équilibre du monde agricole. Dans les montagnes, les petits producteurs de légumes n’ont souvent pas les moyens de payer des journaliers au smic, et même quand ils le peuvent, ils ont souvent du mal à trouver une main d’oeuvre qui a désormais accès à l’éducation ou qui déserte les campagnes pour obtenir des salaires plus élevés en ville. La géologie accidentée empêchant toute mécanisation de la production, cela a conduit à la disparition de nombreux champs maraîchers au profit d’élevage de vaches laitières (beaucoup de Holstein à ma grande tristesse).
Malgré un taux de chômage très bas (< 5%) et une mendicité presque inexistante, de nombreuses personnes survivent de petits commerces, vendant des rouleaux de papier toilette, des rasoirs jetables ou des biscuits maison à prix dérisoire sur le bord de la route.
Suite à son élection en 2006, Correa fait voter une nouvelle constitution partiellement inspirée des théories du Prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz (les deux principaux changements sont plus d’interventions sociales de l’Etat et plus de droits pour les indigènes). Cela entraîne des élections anticipées, auxquelles il est élu en 2009, puis à nouveau en 2013 dès le premier tour. Lors des prochaines élections de 2017, Correa ne pourra pas briguer de 3ème mandat.
Correa décide de sortir de l’emprise des Etats-Unis et abolit de nombreux liens et privilèges économiques qui leur sont attribués. Cependant, ce détachement des Etats-Unis se traduit par une nouvelle dépendance vis-à-vis de la Chine, qui ne s’avèrera pas forcément plus avantageuse.
Il déclare également « dette odieuse » (confirmée par un audit) une partie de la dette que le pays a envers certains créanciers, ne les remboursant donc pas. Pour être déclarée odieuse, la dette doit satisfaire les trois critères suivants : la dette a été contractée contre la volonté du peuple ; les fonds ont été dépensés de façon contraire aux intérêts de la population (généralement au profit du pouvoir et de ses proches) ; les créanciers avaient connaissance des intentions de l’emprunteur.
Dans ce cas, le nouveau gouvernement ne se considère pas débiteur de cette dette, émise au nom du pays mais contractée par les précédents gouvernements et servant les intérêts personnels de leurs membres.
Pour protéger la biodiversité et les populations locales d’Amazonie, ainsi que limiter les émissions de carbone, Rafael Correa propose il y a quelques années un accord à la communauté internationale (projet Yasuni-ITT) : en échange de ne pas exploiter un immense gisement de pétrole découvert dans un parc national de la forêt amazonienne, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’Equateur demande aux pays riches de financer 50% de ce manque à gagner (ce qui représentait 3.6 milliards de dollars sur 15 ans). Certains détracteurs craignent qu’un changement de gouvernement puisse annuler la protection et donc rendre nul ce projet ; cependant, en théorie, le budget doit être géré par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) et les dons restitués en cas de modification des termes.
Le pétrole génère le revenu principal du pays (>40%) et ce gisement représenterait 20% des réserves nationales. L’un des arguments du projet est que les pays riches ont créé la majorité de la pollution atmosphérique mondiale, et que les contraintes d’émissions d’aujourd’hui s’appliquent également aux pays qui ont pollué beaucoup moins. Sans grande surprise, n’y voyant aucun intérêt économique, les pays riches refusent de participer à ce projet précurseur qui pourrait générer d’autres projets similaires ailleurs dans le monde (ou plutôt, ils acceptent mais ne versent jamais l’argent promis). Le parlement équatorien autorise donc l’exploitation du gisement sur une petite partie du parc. Le montant réclamé par l’Equateur peut être comparé par exemple aux dépenses générales de la France s’élevant à environ 300 milliards d’euros par an, ou aux plusieurs milliers de milliards de dollars de coût total des guerres en Irak et en Afganistan (article issu d’un rapport de l’université de Harvard).
Malgré de nombreuses avancées notamment au point de vue social dans le pays, Correa a déçu une partie de ses partisans. Il est accusé de corruption par certains, et aurait, entre autres, favorisé sa famille dans les affaires et modifié la loi afin que sa sœur puisse acheter des terres protégées aux Galapagos (ce qui était évidemment interdit depuis bien longtemps pour protéger l’archipel de la prolifération d’hôtels et terrains de golf notamment).
Partout dans le pays, que ce soit dans la rue, aux agences de location de voiture ou dans les supermarchés, les poubelles sont placées par trio afin de bien faire le tri sélectif. Nous avons été impressionnés par leur omniprésence, facilitant grandement le travail pour jeter une bouteille en plastique par exemple. De même, les lobbies agro-alimentaires n’ont visiblement pas réussi, comme en France, à empêcher les avancées : chaque aliment est étiqueté de façon à décrire très visiblement la quantité de sucre, matières grasses et sel. Si la quantité est basse, le composant est inscrit sur fond vert, si elle est moyenne, le fond est orange et si elle est haute, c’est en rouge. C’est assez efficace pour mettre de côté les cochonneries qui ne contiennent que ça, sans passer une demi-heure à décortiquer l’étiquette !
Album Google Photos
Je veux le même camion poubelle dans ma rue!!!
Bonne année à tous les deux! Et bonne continuation pour votre périple.
Bises!
Bonne année à tous les deux. Continuez à nous faire voyager avec vous. Gros bisous
meilleur vœux félicitations de pouvoir suivre votre voyage bisous
Merci pour vos voeux !
On n’a vraiment pas été bons sur ce coup là et avons oublié de vous le souhaiter dans l’email d’hier donc je me rattrape ici (dans l’ordre du voyage) :
Bonne année !
Feliz año !
Happy New Year!
С Новым Годом!
Tous nos meilleurs voeux pour 2017 !
Bonne année les copains !!
Bonne année les Argonautes !!! …..et que continue ce beau périple dont vous nous rendez compte merveilleusement !
Et présentement j’ai beaucoup apprécié les traces laissées par Gustave Eiffel, quelle élégance !
Bisous
Merci Laure pour cette présentation politique et sociale de L’Equateur que j’avais sollicitée. J’apprécie les beaux paysages mais j’aime aussi savoir comment fonctionne le pays. Comme presque partout en Amérique Centrale et du Sud les Etats Unis ont eu une attitude impériale à leur avantage économique qu’ils ont souvent justifiée par la peur du communisme. Je vois que Rafael Correa a eu des initiatives constructives. La communauté internationale est fréquemment plus généreuse dans les intentions que dans le financement réel. La corruption un serpent sans fin!
En République Dominicaine la religion était également présente partout, Jésus, Marie des écritures sur les maisons…. cependant suite à de nombreuses affaires de pédophilie
étouffées par la hiérarchie catholique de nombreux croyants se tournaient vers les Eglises Evangéliques dont je me méfie beaucoup aussi. Elles sont très actives aussi en Afrique. Savez vous s’il y a beaucoup d’athées?
Chers Argonautes comme l’a rappelé Pascale, j’attends encore de vous les magnifiques photos de Fred et une présentation vivante, complète et complexe des pays que vous visiterez par Laure.
Bonne année à vous chers voyageurs
Votre voyage est fantastiquement beau et, cerise sur le gâteau, vous ne dites rien des 2 beautés figurant dans votre rapport : une certaine Laure et un dénommé Fred, 2 vraies STARS ; c’est dommage !!!!!!
Bonne et heureuse année à vous deux et nos félicitations pour les réalisations dont vous nous faites abondamment profiter. Quel magnifique voyage ! Continuez ainsi longtemps vous avez le talent d’en faire profiterd’autres.
MERCI MERCI MERCI et mille bisous