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L’avenue des volcans
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Album Baños Album Chemin de l’Inca Album Cuenca
Baños
Après avoir embarqué en vitesse une barquette de poulet – frites dans la principale gare routière de Quito, nous voilà dans le bus à destination de Baños. Nous avons préparé les bouquins pour passer les quatre heures à bord, mais un programme bien plus alléchant nous attend : je vais enfin voir un film de Jackie Chan (et même plusieurs) car nous enchaînons « Rush Hour », « Rush Hour 2 » et « Rush Hour 3 » (que nous n’avons malheureusement pas le temps de finir) ! Cela me fera bien regretter de ne pas avoir pris le bus plus tôt.
Nous avons prévenu Miguel (notre guide de l’ascension de l’Illiniza Norte) de notre arrivée et il nous attend pour nous emmener au centre communautaire de tourisme de Pondoa, petite localité de 52 familles située dans la montagne, à quelques kilomètres de Baños. Ce centre est l’accomplissement d’un projet commun des habitants de Pondoa, qui ont soumis un dossier à l’Etat pour en demander le financement, en échange de l’accueil des visiteurs et de l’entretien des infrastructures touristiques et des biens communs du village. Si le dossier est accepté, l’Etat surveille chaque dépense de la construction pour éviter tout abus, puis vient ensuite vérifier tous les trois mois que l’accueil touristique et ses revenus sont conformes à ce qui était prévu. L’hébergement ici nous a coûté un peu plus cher qu’ailleurs en Equateur ($25 par personne par jour en demi-pension) mais le bungalow est vaste, et les repas préparés par la femme de Miguel très bons et extrêmement copieux. Mais surtout, ce qui n’a pas de prix : pour la première fois depuis plus d’un mois, nous pouvons dormir de tout notre soûl, sans être réveillés par la musique d’un bar de nuit, l’alarme ou le klaxon d’une voiture, les aboiements d’un chien ou le chant d’un coq !
Pondoa est le point de départ de l’ascension du Tungurahua, un des volcans les plus actifs d’Equateur. Surnommée « Mama Tungurahua », elle est mariée à « Taita Chimborazo », plus haut sommet d’Equateur (6263 m) et point terrestre le plus proche du soleil (à cause du renflement de la Terre au niveau de l’équateur).
Nous ne sommes que moyennement courageux (et désacclimatés à l’altitude depuis les Galapagos), donc nous déclinons la proposition d’en faire l’ascension complète sur deux jours mais partons avec Miguel randonner jusqu’au refuge situé à 3800m. Le départ de la rando est à 2800m et elle s’étend sur 4km, ce qui signifie en moyenne une pente de 25% ! Autant dire que ça calme… Nous montons enveloppés dans la brume, qui rend le décor magique et me donne la sensation de me promener dans un film de Tim Burton. Nous sommes très surpris de découvrir des fleurs à foison tout au long de la promenade, depuis les orchidées jusqu’aux bosquets de lupins sauvages. La nature est vraiment magnifique, et bien plus riche que dans les autres montagnes où nous avons randonné jusque-là. Juste avant d’arriver à l’ancien refuge, toujours debout, nous découvrons celui qui avait été construit vers 2000 et détruit par les cendres lors des dernières éruptions. Puis nous voyons enfin le somment qui se découvre 1200m plus haut, et la dernière grande coulée de lave de 2006 qui avait détruit un petit village sur son chemin.
Dans la descente, Miguel récupère ses chevaux pour notre randonnée du lendemain. Il monte Revolver, Fred Paloma et moi Volcan… Je suis toute contente de monter Volcan, il est très mignon et je lui parle comme si j’avais le mien à mes côtés. J’apprendrai malheureusement 3 jours plus tard que le véritable et inégalable Volcan, magnifique compagnon de 25 ans de ma vie, venait de s’éteindre loin de moi. Ce fidèle ami et confident me manquera terriblement.
Cependant, à ce moment il est toujours vivant, et je profite paisiblement. La promenade nous mène à d’impressionnants belvédères donnant sur la vallée de Baños, puis sur la coulée de lave.
Miguel nous avait proposé de déguster un cochon d’inde maison pour le déjeuner (à la campagne tout le monde a sa petite production), qu’il nous promettait bien plus en chair et goutû que celui que nous avions eu à Quito. Nous avons pu voir la petite bête vivante le matin, et à notre retour de promenade, elle est déjà bien rôtie sur sa broche. Le « cuy » s’avère effectivement incomparable à celui de la capitale, et nous comprenons enfin pourquoi c’est un mets de fête !
Le lendemain, toujours aux petits soins, Miguel envoie Balavoine sur les enceintes comme ambiance de départ ; il a dû penser que nous avions le mal du pays ! Puis nous partons sur Baños pour une excursion de rafting (à ma grande déception sur le Rio Pastaza et non le Rio Patate), pendant laquelle nous nous faisons bien secouer et tremper – niveau III et IV – mais échappons à la chute dans la rivière (ce qui ne sera pas le cas de tout le monde) ! Le soir nous visitons enfin l’attraction principale de Baños : les thermes d’eau sulfureuse, arrivant des profondeurs des volcans. Un conseil pour ceux qui voudraient y aller : évitez les maillots de bain clairs, la couleur rouille de l’eau a l’air de s’y plaire !
Alausi et le Chemin de l’Inca
Nous avons décidé de randonner sur le petit morceau du Chemin de l’Inca du sud de l’Equateur et partons donc en bus pour Alausi via Riobamamba, apercevant le majestueux Papa Chimborazo sur la route, et arrivons dans ce petit bled pittoresque perché dans la montagne. On trouve quelque charme à ce village avec ses façades colorées et ses vieux wagons destinés aux excursions touristiques sur un court tronçon (12 km) de la ligne mythique Quito – Guayaquil : le Nez du Diable. Cette sortie est loin d’être incontournable mais nous a permis de découvrir la technique utilisée par les ingénieurs pour surmonter le problème de la construction des voies de chemin de fer en montagne : la voie est faite de telle façon qu’à chaque extrémité, au lieu de faire un virage qui serait impossible, le train part en marche inverse sur la voie suivante grâce à un aiguillage adapté. Nous n’avons malheureusement jamais vraiment compris où était le Nez du Diable malgré les explications de la guide…
Notre promenade dans le village est l’occasion d’une rencontre avec un médecin du village : il commence à discuter avec Fred depuis le pas de sa porte, puis nous invite à entrer. Il nous parle de sa vie et du village pendant une heure, nous exposant toutes les photos de la fête du village où il joue le chaman, maquillé et déguisé, et sa rencontre avec la belle Miss Equateur lors du dernier évènement !
Partout en Equateur, nous avons pu observer l’amour des gens pour les chiens : dans chaque village et dans la campagne, de nombreux chiens vivent en liberté ; nous les pensions errants au début. Cependant ils sont tous bien nourris, affectueux et rarement agressifs ; il faut surtout faire très attention en conduisant car ils font la sieste partout, le milieu de la route étant même un lieu de prédilection ! Les conducteurs sont d’ailleurs très prévenants, et je n’ai jamais vu quelqu’un les menacer. Mais à Alausi nous découvrons la preuve ultime de l’affection que les gens portent aux les chiens : le distributeur à eau et croquettes public ! Et on ne l’a jamais vu vide…
Puis le lendemain, direction Achupallas, d’où part le Chemin de l’Inca. Le trajet en bétaillère-bus est épique : nous sommes privilégiés à l’avant avec le chauffeur, les autres passagers étant enfermés à l’arrière dans la benne, sans aucune ouverture ! Je me cramponne au milieu, sans ceinture, en regardant avec appréhension les ravins que nous longeons, mais tout se passe sans accroc.
Au village, notre excursion semble être l’animation du village ; il ne faut pas moins de 5 personnes pour décider des vivres à emporter ! Une fois les réserves prêtes, nous voilà partis avec 2 chevaux, 2 mules et le muletier rien que pour nous. Au moins nous pouvons marcher léger et bien profiter ! Nous traversons des paysages magnifiques et vierges de toute présence humaine, ce qui les rend encore plus magiques. Sur la fin du parcours, là où le chemin est large de plusieurs mètres, nous pouvons toujours voir les pierres qui le composaient. Par contre, les deux nuits sous tente à des températures proches de zéro sont un peu éprouvantes ; et dès le coucher du soleil on ne fait pas les malins (d’autant plus qu’on ne veut pas tomber dans le ravin) !
Au début de la randonnée, nous découvrons un large pan de montagne brûlé sur plusieurs kilomètres ; notre guide nous explique que cela date de la semaine précédente, lors de la fête d’une communauté. Quelques kilomètres plus loin, nous voyons de la fumée s’échapper du bord d’une lagune au milieu de montagnes vierges. Cela nous rappelle d’autres feux inexpliqués que nous avions vu, et nous fait comprendre que les gens sont peu précautionneux et n’hésitent pas à défricher de grandes belles étendues de nature intacte à l’aide du feu.
J’avais eu des réclamations pour voir comment se débrouillait le Cabri Téméraire (Fred pour ceux qui ne connaitraient pas son surnom chez les Sourdin) dans cet environnement sauvage ; voici donc en exclusivité un gif animé d’une habile traversée de ruisseau !
Lors de nos différents périples en Equateur, nous avons pu observer différents comportements des gens vis-à-vis de la préservation de la nature. Que ce soit lors de nos randonnées avec Miguel, aux Galapagos ou à Mindo, les personnes que nous avons rencontrées faisaient très attention à ne pas polluer la nature. Cependant les très nombreux panneaux « Interdiction de jeter des déchets » le long des routes indiquent qu’une partie de la population a toujours besoin de prendre conscience de cette nécessité (nous en avons vu un paquet qui n’hésitent pas à jeter leurs sachets plastiques par la fenêtre du bus ou dans la rue). Notre guide – muletier est malheureusement de ceux-ci, et alors que nous mettons soigneusement nos déchets dans un sac plastique après le petit-déjeuner, je le vois plus tard disparaitre avec, puis revenir les mains vides. Des bouteilles d’eau vides suspectes joncheront également le chemin à d’autres endroits. Les ordures en plastique sont légion dans certains endroits mais comparé à ce qu’on verra au Pérou ou en Bolivie, on remarque en général une évolution déjà entamée en Equateur.
Le chemin de l’Inca traverse 7 pays, depuis la Colombie jusqu’à l’Argentine, parsemé de « tambos », sortes d’auberges de relais, construits tous les 16km. Les Incas n’avaient pas de chevaux et le convoi était assuré par des coureurs qui se relayaient à chaque tambo. Il parait que lorsque les Incas avaient découvert la mer en Equateur (donc tardivement), le roi était devenu très friand de poisson et se le faisait livrer de cette façon à Cusco, à plusieurs centaines de kilomètres des côtes !
Au troisième jour, nous arrivons à Ingapirca, ville de culte Cañari et Inca. Les Cañaris constituent le peuple le plus important du sud de l’Equateur. Bien que polythéistes comme toutes les cultures précolombiennes, ils vénèrent principalement la déesse lune et ont donc une société matriarcale à l’inverse des envahisseurs Incas qui vouent un culte au dieu soleil et ont une société patriarcale. A l’issue de 5 années de guerre intense entre les deux peuples, une alliance est formée par le mariage du roi Inca et de la princesse Cañari, mais la culture Inca prend le dessus. Leur société tient par une discipline de fer, dont les trois axiomes principaux sont : ne tue pas, ne mens pas et ne sois pas feignant. Les Incas travaillent donc tous les jours depuis leur plus jeune âge, hormis les jours de fête. Les gens peuvent être sacrifiés pour désobéissance à ces principes, mais la plupart des sacrifices sont liés au culte des dieux, principalement pour prévenir les catastrophes naturelles comme les sécheresses et les éruptions. Dans ce cas, c’est un honneur d’être sacrifié, et cela concerne uniquement des enfants et adolescents d’origine noble sélectionnés pour leur beauté (principalement des jeunes filles), qui ont été choisis très jeunes puis élevés à part des autres enfants à cette fin.
La construction d’Ingapirca incorpore les deux cultes : il comporte un temple de la lune ainsi qu’un temple du soleil. Alors qu’aujourd’hui les lamas paissent paisiblement entre les deux, autrefois se trouvaient dans cette partie de la ville des greniers à nourriture et les logements de nobles. Les sites où sont construits de tels lieux de culte sont soigneusement choisis : Ingapirca se situe sur un promontoire entouré de hautes montagnes situées aux quatre points cardinaux (ceux-ci sont évidemment très importants pour toutes ces cultures qui vénèrent le soleil).
A l’arrivée des conquistadors, la culture Inca s’est atténuée dans cette région mais la culture et le peuple Cañari sont toujours très présents : tout est encore décidé en fonction de la lune, que ce soit l’agriculture ou la création d’une entreprise ! Avant l’invasion européenne, il était cependant interdit de regarder la lune directement, donc ils suivaient son cycle en regardant son reflet dans de l’eau ou des feuilles d’or.
Aujourd’hui, le christianisme a réussi à incorporer dans son culte ou supplanter toutes ces anciennes religions. Nous ne voyons pas un taxi sans une icône de Saint et une croix pendues au rétroviseur, et tous les bus s’appellent Sainte-Thérèse de Trucmuche ou Jésus Machin-Chose ! On n’a pas pu y échapper et embarquons à bord du Jésus le Sauveur pour rejoindre Cuenca. Je ne sais pas s’il nous a porté chance, mais au moins nous ne sommes toujours pas tombés dans le ravin. Ce n’est visiblement pas le cas de tout le monde, quand on voit le nombre de petites niches surmontées d’une croix et de fleurs le long de la route, et encore plus vrai au Pérou et Chili où les routes ne sont pas toujours aussi bien refaites.
Cuenca
Très bizarrement, à Cuenca nous nous sentons en vacances ! Probablement que tous ces efforts dans la montagne, malgré le cadre magnifique, nous avaient bien épuisés. Alors l’arrivée dans cette jolie ville coloniale signifie détente et tranquillité ! Nous nous promenons à loisir dans ces rues charmantes, et surtout profitons de quelques bons restaurants, dont Tiesto’s que nous recommandons absolument à quiconque irait là-bas ! Et comme cerise sur le gâteau, c’est l’occasion d’une après-midi SPA dans les sources d’eau chaude après avoir grignoté une tarte au citron et un fondant au chocolat !
Lors de la visite de la cathédrale, je suis impressionnée par la quantité de magnifiques bouquets de fleurs qui la décorent de tous côtés ; Fred me fait remarquer que vus la quantité et le prix, ce sont forcément de fausses fleurs. J’en doute et demande donc aux guides qui me confirment que ce sont de vraies fleurs et que les bouquets sont changés toutes les semaines !
Puis tout à coup, au détour d’une rue, c’est la révélation : Le Che n’est pas mort, il s’est seulement discrètement reconverti en majorette ! Je pense que je tiens un sacré scoop…
Album Baños Album Chemin de l’Inca Album Cuenca
Ah ah, merci pour le gif animé Laure, n’hésite pas à en mettre d’autres 🙂
Avec grand plaisir !
À la fin de Rush Hour 3, ils sont au Trocadéro. Je vous spoile pour pas que votre voyage soit gâché de ne pas savoir la fin.
C’est bien gentil, ça me démangeait depuis plusieurs semaines !
Tu sais faire des gifs animés! T’es devenue une experte en informatique en Amérique du Sud!
Je dois avouer que j’ai eu l’aide de mon geekounet attitré pour cela (même s’il ronchonnait de se voir lui-même en gif).
Est-ce qu’à Pondoa vous avez vu Sigouney Weaver dans un vaisseau spatial?
Je tente : Avatar ?
Laure, tant qu’à manger le cochon d’Inde, j espère que tu as récupéré ses poils pour ta collection de fourrures!
Figure-toi que je me suis renseignée ! Mais les cochons d’Inde sont en fait juste pelés puis cuits avec la peau ; il ne reste donc aucune fourrure…
Quelle profusion: cochons d’Inde (crus ou rôtis, au choix) volcans de tous horizons, cabri téméraire ( là à ma connaissance il n’y en a qu’un seul’ et pas le moindre)…et les oiseaux qui sont en fait assez proches des nôtres , un véritable zoo.
Ces pays méritaient bien un pape tant la religion catholique est présente ..
J’imagine que le nouvel an est dignement fêté là où vous êtes , au Chili je crois, donc en vous souhaitant… bisous.
RIP Volcan 🙁
Quelle surprise de voir Laure regarder cette bête à poils le matin et la tourner embrochée l’après-midi pour la manger le soir!
J’ai aussi admiré le pas de danse de Fred.
Les Paysages, les oiseaux et les fleurs sont toujours aussi beaux,
bonne continuation,
Bises,