Découvertes involontairement en 1535 par le navire en dérive d’un archevêque espagnol qui devait relier Panama au Pérou, l’archipel est alors perçu comme un enfer sur terre. Sur les 13 îles principales, une seule possède une source permanente d’eau douce, et nombre d’animaux paraissent rescapés de temps préhistoriques. Les pirates, baleiniers et chasseurs d’otaries utilisent par la suite l’île comme base pour leurs expéditions et garde-manger, décimant la population de tortues géantes (ils en auraient exterminé plus de 200 000, éteignant au moins quatre espèces sur quatorze) et faisant presque disparaitre les otaries à fourrure. Il faudra attendre le XXème siècle pour que des gens s’y installent de façon durable, même si les premières tentatives de colons européens se sont pour la plupart très mal finies (famine, soif, disparitions).
« DE » L’ORIGINE DES GALAPAGOS
Les îles Enchantées comme elles sont également appelées, se situent à environ 1000km des côtes de l’Equateur et n’ont jamais été reliées au continent. Même si elles sont situées à proximité de la rencontre de trois plaques tectoniques, elles sont en fait issues d’un point chaud, appelé point chaud des Galapagos. Ce point est fixe par rapport au centre de la terre, mais comme la plaque Nazca sur laquelle se situent les îles se déplace de quelques centimètres par an vers le sud-est, de nouveaux volcans sont créés régulièrement, agrandissant l’archipel à son extrémité ouest. Le point chaud serait a priori actif depuis 10 millions d’années, et la plus vieille île émergée (Española) aurait environ 3,25 millions d’année alors que Fernandina, la plus jeune et la plus active, aurait environ 300 000 ans. A cause de l’érosion et de l’immersion de la plaque tectonique vers le sud-est, les plus vieilles îles disparaissent sous la surface de l’eau au fil du temps, et plusieurs sont déjà sous le niveau de la mer, ayant potentiellement déjà entraîné la disparition d’espèces endémiques.
La partie ouest de l’archipel a encore une activité volcanique très importante, plusieurs éruptions ayant eu lieu ces dernières années. En 1954, 1,5km2 de fonds marins furent soulevés de 4m dans la baie d’Urbina sur Isabela, et cela arriva si rapidement que la faune marine (poissons, crabes…) se retrouva à l’air libre ! En 1968, le cratère du volcan de Fernandina s’est effondré de 300m (il était déjà profond de 800m), générant plusieurs centaines de tremblements de terre (jusqu’à 200 par jour).
La caldeira du volcan Sierra Negra sur Isabela est la deuxième plus vaste au monde : elle est large de 7km pour 10km de longueur.
Une des grandes particularités des Galapagos est sa situation au croisement de trois grands courants marins : le courant de Panama venant du nord-est (~27°C), le courant de Humboldt venant de l’Antarctique (~21°C) et le courant de Cromwell provenant des profondeurs de l’Océan Pacifique à l’ouest (~12°C). Ces courants, combinés au relief, créent des microclimats entre les îles et génèrent des précipitations, une faune et une flore différentes pour chacune. Les poissons étant beaucoup plus présents dans les eaux froides, la vie marine est plus importante à l’ouest de l’archipel.
En été dans l’hémisphère nord (l’équateur traversant l’archipel, il est difficile d’y utiliser ce terme), les températures sont plus fraîches, très agréables à l’extérieur (25°C) mais frisquettes dans l’eau (13-20°C) alors que vers décembre le courant de Panama prend le dessus et la température de l’eau monte jusqu’à 27°C et l’air dépasse 30°C et est humide. Ce phénomène annuel observé également sur les côtes de l’Equateur est appelé « El Niño » car il apparait juste après noël (niño signifie petit garçon). Tous les dix ou quinze ans le phénomène prend une ampleur démesurée et rompt l’équilibre, raréfiant algues et poissons et réduisant à la famine oiseaux, tortues et iguanes marins alors que les précipitions abondantes font prospérer la vie terrestre (il est alors nommé El Niño-Southern Oscillation).
« DE » L’ORIGINE DES ESPÈCES
Les Galapagos sont devenues célèbres principalement grâce à une personne : Charles Darwin. En 1835, alors qu’il est à bord du navire britannique HMS Beagle qui est en expédition à travers le monde pour en cartographier les côtes pendant 5 ans, il a l’occasion de descendre sur quatre des îles de l’archipel. Il y passera 5 semaines (dont seulement 19 jours à terre) et n’y retournera jamais. Le naturaliste – acquis au créationnisme et principalement intéressé par la géologie à son départ d’Europe – y récolte de nombreux spécimens de plantes et d’animaux qu’il rapportera en Angleterre.
Le voyage du Beagle (27 décembre 1831 – 2 octobre 1836)
A son débarquement en Europe, Charles Darwin ne remet toujours pas en question le créationnisme ; cependant, plusieurs observations pendant le voyage génèrent un début de questionnement. Le mimidae (oiseau moqueur), dont il existe 4 espèces vivant sur des îles différentes, lui fait entrevoir la possibilité d’un ancêtre commun. De même, l’affirmation du vice-gouverneur des Galapagos selon laquelle il pouvait savoir de quelle île provenait chaque tortue juste en l‘observant lui reviendra à l’esprit quand le concept d’une évolution différente liée à la nourriture disponible sur chaque île commencera à lui paraître possible. Il présentera ses spécimens d’animaux à des naturalistes réputés en Grande-Bretagne, qui lui permettront de comprendre par exemple qu’il avait affaire à différentes espèces de pinsons et non des espèces d’oiseaux sans rapport entre elles comme il le pensait initialement. Les notes de Darwin sur la provenance de chaque spécimen sont incomplètes, mais heureusement, d’autres personnes à bord du Beagles – dont le capitaine FitzRoy – ont soigneusement noté une multitude d’informations (dont l’île d’origine) sur ce qu’ils ont eux-mêmes collecté, lui permettant de renforcer ses arguments lors du développement de la théorie de l’évolution au cours des années.
Différentes espèces d’oiseaux-moqueurs
Darwin travaillera à cumuler les preuves de sa théorie pendant de nombreuses années pour s’assurer de pouvoir répondre aux critiques des créationnistes, comprenant certains de ses anciens maîtres à penser. Vingt-cinq ans après son court séjour aux Galapagos, il publiera finalement son fameux livre « De l’origine des espèces », dans lequel il utilisera l’exemple du pinson dont il existe 13 espèces réparties sur différentes îles, et qui ont évolué pour qu’à chaque endroit ne restent que celles avec les spécificités les plus adaptées à leur environnement. Ces quelques lignes sur les oiseaux des Galapagos assureront la célébrité de l’archipel.
Même s’il n’était pas le premier à argüer la théorie de l’évolution, les temps plus propices et les quantités faramineuses d’échantillons et de preuves qu’il avait accumulés au cours des décennies précédentes lui ont permis de la faire accepter par une partie de la communauté scientifique.
« DE » L’ORIGINE DE LA FAUNE ET LA FLORE
Il est manifeste que les espèces marines comme la tortue verte du pacifique ou les oiseaux migrateurs ont pu arriver sur l’île sans aide particulière. En ce qui concerne les animaux terrestres ou les autres oiseaux, le moyen de transport utilisé parait moins évident.
Les vents pouvant être puissants dans la région, des oiseaux ont pu être emportés contre leur gré jusqu’à l’archipel, et y rester bloqués. Pour les animaux terrestres, des radeaux de troncs, branches ou mangroves ont pu être générés sur la côte ouest de l’Amérique du Sud lors de violents orages, les retenant prisonniers et les emportant avec eux. Il est estimé qu’avec les courants marins, un tel radeau mettrait environ deux semaines à atteindre les Galapagos depuis la côte de l’Equateur. Tout mammifère qui se trouverait à bord d’un tel radeau (à part le rat) n’aurait aucune chance de survivre aussi longtemps sans eau douce, alors que les reptiles le pourraient sans problème, ce qui explique leur présence importante dans l’archipel. Même si de tels évènements sont improbables à l’échelle d’une vie, cela a pu se produire plusieurs fois au cours des derniers 3 millions d’années, expliquant les différentes espèces présentes sur les îles. Les reptiles ont pu prospérer depuis, n’étant pas en compétition avec les mammifères pour la nourriture et n’ayant pas ou peu de prédateurs.
Les plantes seraient arrivées principalement par les oiseaux, certaines par les airs ou d’autres résistantes à l’eau de mer comme la mangrove ont pu arriver par l’océan. Il y a cependant très peu de fleurs indigènes (arrivées par elles-mêmes mais n’ayant pas eu le temps d’évoluer) ou endémiques puisqu’il est nécessaire que les graines et les pollinisateurs arrivent en même temps pour qu’elles puissent se reproduire.