Au pied des montagnes Célestes
Depuis Bichkek, la capitale du Kirghizstan, nous partons plein ouest vers la frontière kazakhe située à une centaine de kilomètres. La route nationale est bordée d’izbas russes traditionnelles plus ou moins bien entretenues ; de l’autre côté de la frontière, les hameaux paraissent un peu plus riches et mieux restaurés. D’après René et Djouma qui nous accompagnent pour ce périple, c’était l’opposé il y a une quinzaine d’années. L’autoroute a remplacé l’ancienne route délabrée et nous peinons à retrouver une famille d’origine ouzbèke que René avait rencontrée il y a vingt ans. Logée en contrehaut d’une source, leur maison nous apparait enfin mais complètement délabrée, visiblement abandonnée depuis plusieurs années. En l’absence de voisins, nous ne pouvons enquêter sur la cause – voulue ou non – de leur départ. René suspecte un éventuel conflit ethnique.
Nous longeons les montagnes Célestes sur quatre cents kilomètres jusqu’à une petite chambre d’hôtes lovée au pied de la réserve naturelle Aksou-Jabagly. La maîtresse de maison m’appelle « Лора » – Laura – avec les mêmes intonations que les surveillantes de ma résidence étudiante moscovite onze ans plus tôt.
La réserve naturelle, réputée dans toute l’Asie centrale pour sa faune sauvage, ne se visite qu’en compagnie d’un guide local. Une mauvaise organisation nous empêche malheureusement de participer à la randonnée au cœur de cette moyenne montagne escarpée, pendant laquelle les marcheurs observent ce jour-là un ours somnolant, un loup affairé à tourner sur lui-même et plusieurs aigles. De dépit, nous gravissons les collines vertes alentour où paissent des troupeaux de chevaux dont les poulains craintifs se blottissent derrière leur mère.
Otrar, sur la route de la soie
De retour sur la route après avoir traversé le grand bazar de Tchimkent en coup de vent, nous découvrons le site d’Otrar, ruines de la ville-étape éponyme de la route de la soie édifiée au milieu de terres irriguées par le fleuve Syr-Daria. Cette cité du royaume de Khârezm, très prospère jusqu’au XIIIè siècle, est célèbre pour avoir été la première de la région mise à sac par Gengis Khan. En 1218 le gouverneur de la citadelle aurait condamné et exécuté pour espionnage des émissaires de l’empereur mongol voyageant avec une caravane de commerçants. Cette agression soutenue par le sultan khorezmien déclenche la fureur de Gengis Khan qui assiège la ville pendant cinq mois et la rase en représailles. En guise d’exemple, l’impitoyable chef mongol aurait ensuite fait exécuter le gouverneur en lui coulant de l’argent fondu dans les yeux et les oreilles.
Aux alentours d’Otrar, les vertes vallées des contrebas des montagnes Célestes ne sont plus qu’un lointain souvenir ; la steppe aride s’impose peu à peu. Le sol racorni est couvert de plantes rases et de petits arbustes capables de résister à de grands déficits d’eau, génériquement dénommés xérophytes. Très vifs, de magnifiques rolliers d’Europe au plumage turquoise esquivent les photos avec virtuosité.
L’essor du fondamentalisme en Asie centrale
A une cinquantaine de kilomètres au nord, la ville étudiante de Turkestan est renommée pour l’admirable mausolée timouride de Ahmed Yasavi, poète soufi du XIIè siècle. Seul représentant de cette architecture remarquable hors d’Ouzbékistan, le mausolée domine de ses dômes bleus la vaste esplanade cernée de murailles. Nous découvrons ainsi nos premières coupelles turquoise et fenêtres cernées de mosaïques céruléennes ornées d’inscriptions en arabe. Peu de gens s’avèrent capables de lire ces écritures en Asie centrale car seuls les étudiants en théologie apprennent la langue du prophète ; néanmoins ce lieu saint attire en pèlerinage de nombreux croyants venus de toute la région turcophone. L’architecture du mausolée est typique du style timouride bien que l’abandon du chantier par les héritiers de Tamerlan ait laissé la terre de la façade principale nue, sans mosaïque. Au kiosque de vente, je demande en russe des billets pour trois Français et un Kirghiz : la vendeuse me donne sans hésitation le billet kirghiz songeant que je suis une locale accompagnée de touristes. Je m’en trouve tout-à-fait flattée ! Djouma, musulman croyant mais pratiquant modéré, parait enchanté de l’excursion mais réfute la théorie selon laquelle ce site est tellement saint que trois visites dans ce mausolée équivalent à un voyage à La Mecque.
La disparition de ce type d’accommodement avec les piliers de l’Islam trahit l’implantation d’une pratique plus rigoriste en Asie centrale, réprouvant les arrangements ancestraux avec les préceptes religieux et incitant notamment à la destruction de sites islamo-chamaniques où les croyances coexistent depuis plusieurs siècles. Au Kirghizstan, cette évolution voit la religion gagner en influence et s’intégrer dans le paysage politique et social avec la sponsorisation de l’enseignement religieux plus ou moins modéré par des acteurs tels que le mouvement Gülen ou l’Arabie Saoudite. Cette dernière a financé depuis la chute de l’URSS des centaines de mosquées dirigées par des imams salafistes qui contribuent à développer les idées et pratiques fondamentalistes et à déstabiliser cette démocratie encore fragile.
Djouma me parle un peu des personnes parties faire le djihad avec Daech. Il en connait, même dans sa famille. Selon lui, peu de combattants rejoignent les rangs de l’organisation terroriste par conviction ; la plupart s’engagent uniquement pour l’argent, tels des mercenaires. Bien sûr la caution de la religion leur donne l’illusion de servir une cause plus noble. Daech proposerait des salaires très alléchants : mille dollars par jour de combat. Certains décident de partir un mois avec la complaisance de leur famille, en théorie assez de temps pour s’acheter une belle voiture et équiper la maison. Mais dans les exemples de Djouma, ils ne reviennent pas ; ils meurent au combat ou restent séquestrés au camp et les veuves se lamentent sur leur sort. Notre compagnon de voyage ressent peu d’empathie pour ces gens qu’il considère bêtes et naïfs mais très minoritaires.
Cependant la radicalisation islamique est un problème réel et préoccupant en Asie centrale. Les dictatures de la région surveillent assidument l’extrémisation de leurs citoyens et répriment toute personne ou organisme suspecté de prosélytisme. La démocratie kirghize, moins autoritaire dans sa prise en main de la religion, se trouve menacée par l’expansion des idées rigoristes, surtout dans la région du sud autour de la ville d’Osh. Ainsi la secte Tablighi Jemaat interdite dans les pays voisins y répand par le porte à porte sa croyance en un islam fondamental. Même si cette association se révèle apolitique et pacifique, les idées qu’elle sème préparent le terrain vers une potentielle radicalisation violente et le djihad. Cette dérive inquiète fortement les pays d’Asie centrale et la Russie qui ont vu plusieurs milliers de leurs citoyens rejoindre les rangs de Daech ou organiser des attentats en Turquie, Russie et aux Etats-Unis ces dernières années. Cette évolution est cependant quasiment invisible au touriste, la plupart des Centrasiatiques pratiquant un islam tolérant et adapté aux contraintes de chacun.
Turkestan et les déportés de Staline
Les chambres de notre hôtel turkestanais sont basiques mais le bar-restaurant à la décoration théâtrale – voire kitsch – ouvert sur la cour intérieure se révèle être le lieu de rencontre branché de la ville. De nombreux jeunes de la bourgeoisie locale habillés sur leur trente-et-un rejoignent les tables en début de soirée et s’amusent en petits groupes. Une jeune fille semble fêter son anniversaire, à moins que ce ne soient ses fiançailles ; nous avons du mal à saisir la situation, les relations fille-garçon apparaissant bien prudes. Alors que certaines tables commandent de la vodka, la plupart d’entre elles sont sobres, sirotant du coca-cola en quantité. A vingt-trois heures la cour se transforme en piste de danse et l’ambiance festive atteint son paroxysme.
Nous remarquons chez les convives la fréquence de la physionomie coréenne : Staline avait fait déporter en 1937 les cent soixante-douze mille Coréens de l’Extrême-Orient russe vers les régions inhospitalières du pourtour de la mer d’Aral, dans les républiques socialistes soviétiques du Kazakhstan et d’Ouzbékistan. Les chercheurs estiment que quarante mille d’entre eux sont décédés de famine, de maladie ou de froid au cours des deux premières années. Officiellement déportés pour lutter contre l’espionnage par le Japon qui occupe alors la Corée, les survivants – grâce à l’aide salvatrice des Kazakhs – ont largement contribué à développer l’agriculture dans ces deux républiques et forment toujours une importante communauté.
La steppe aride
En poursuivant vers le nord nous faisons halte à Sauran, relai sur la route de la soie comme Otrar, où des archéologues excavent les ruines de l’antique garnison sous un soleil de plomb. A notre arrivée un petit scorpion traverse l’allée à toute vitesse, peu désireux de faire plus ample connaissance. Le responsable des fouilles semble enchanté de ce public fortuit et nous fait visiter avec entrain le quartier antique sur lequel ils travaillent.
Nous décidons ensuite d’établir notre campement au large de l’autoroute peu avant Kyzylorda, au milieu de la steppe. Afin de ne pas éveiller les soupçons de l’agriculteur que nous croisons, nous déclarons être des biologistes étudiant la flore de la région. Il est très satisfait de notre explication et nous révèle qu’il y en a deux autres à quelques centaines de mètres ! Nous les évitons soigneusement. Mêlés aux espèces de roseaux à plumets et aux broussailles piquantes, les tamarix qui fardent le paysage de leur infinité de fleurs roses recouvrent la vaste étendue de terre desséchée. Nous nous déplaçons sans discrétion pour éloigner les éventuels serpents et scorpions. La soirée est douce et nous festoyons d’une soupe lyophilisée et d’une plâtrée de pâtes à la sauce tomate en admirant les couleurs chaleureuses du soleil qui disparait derrière notre rempart de buissons fleuris.
Le paysage se désertifie jusqu’à Aralsk, la végétation devenant de plus en plus rase et clairsemée. Aux alentours du cosmodrome de Baïkonour, nous ralentissons afin d’observer les gigantesques antennes paraboliques qui poignent à l’horizon. Nous stationnons même furtivement pour en faire une photo, mais suffisamment loin pour ne pas attirer la suspicion des Russes. Nous n’ambitionnons pas de finir notre voyage au fond d’un trou pour bravade à la sécurité nationale ! A la chute de l’URSS, cette base de lancement soviétique – qui est aujourd’hui la plus active du monde – se retrouve en territoire kazakhe. La Russie loue donc le site au Kazakhstan et a renégocié il y a quatorze ans le bail jusqu’en 2050. Lors de ce nouvel accord les Kazakhs sont devenus plus impliqués dans la gestion du site et ont exigé le développement de lanceurs moins polluants. Nous espérons revenir au Kazakhstan et arranger la visite de ce lieu exceptionnel.
Une mer évanouie
Nous parvenons en fin de journée à Aralsk, où nous dégottons un petit hôtel simple en centre-ville. L’arrivée dans la ville nous effare : dès la sortie de l’autoroute flambant neuve, la bretelle se métamorphose en mauvais chemin où la terre et le sable se mêlent dans une succession d’épouvantables ornières. Nous cahotons sur quelques centaines de mètres le long d’immeubles décrépits ou déliquescents, bordés de plastiques à l’abandon. Nous atteignons enfin la chaussée et tout à coup la ville semble presque proprette, loin du décor invraisemblable que nous venons de traverser.
Lors de la visite de René en 1998, la ville présentait partout un spectacle affligeant : les rues et les maisons étaient miséreuses et délabrées, des jeunes filles sombraient dans la prostitution pour survivre et de nombreux habitants – tout particulièrement les enfants – portaient les stigmates de leurs terribles conditions de vie. Ancien port de la mer d’Aral, Aralsk possédait jusqu’aux années 1970 une substantielle industrie de la pêche et de la transformation ichthyique (notamment en conserves). La célèbre fresque de la gare représente ainsi les convois de poissons expédiés par les pêcheurs d’Aralsk vers Moscou afin de nourrir les Russes affamés à la fin de la Première Guerre mondiale.
L’agonie de la mer d’Aral fut engendrée par l’URSS qui cherchait à atteindre l’indépendance économique en optimisant ses productions par la spécialisation des régions. Dans les années 1930 le pouvoir soviétique décide ainsi de mettre à profit la terre et le climat d’Asie centrale propices à la culture du coton pour en faire son unique pourvoyeur. Cette agriculture – qui existait déjà en quantités limitées sous la Russie tsariste –, se développe principalement en Ouzbékistan. Les plants de coton nécessitent une irrigation colossale des terres autrement infertiles ainsi que l’emploi abondant de pesticides. Des milliers de kilomètres de canaux sont construits depuis les fleuves Syr-Daria (plaine du Ferghana) et Amou-Daria (Khârezm) pour irriguer les champs soviétiques. Les débits de ces gigantesques fleuves sont amoindris, ne pouvant plus compenser l’évaporation considérable de la mer d’Aral. Celle-ci s’est petit-à-petit recroquevillée, s’éloignant de ses anciens rivages et laissant sur son lit des champs de sels qui dévastent les terres alentour lors des tempêtes.
Avec la disparition de cette importante masse d’eau qui tempérait la région, les aléas climatiques sont devenus plus fréquents, les saisons plus marquées et les précipitations plus rares. La présence de ce sel très abrasif et des résidus de pesticides ont conduit à l’apparition de nombreuses maladies, dont la tuberculose qui est rapidement devenue un risque sanitaire majeur dans la région. L’Aral, mer fermée peu salée avant son assèchement partiel, abrite essentiellement des poissons d’eau douce adaptés à cet environnement particulier. L’évaporation n’étant plus compensée par l’apport de ses confluents, sa salinité triple en quelques décennies, atteignant une concentration de trente-cinq grammes de sels par litre, équivalente à celle de l’océan Atlantique. Ce dérèglement provoque la disparition de nombreuses races de poissons, anéantissant l’industrie de la pêche et ses dérivés, soit quasiment tout l’emploi de cette région par ailleurs désertique. Les vestiges du port subsistent ; les entrepôts et les grues rouillées dominent toujours le vaste bassin désormais vide : à l’acmé de son repli, la mer se trouvait à une centaine de kilomètres du port.
Du côté ouzbek, la ville de Moynak a subi le même sort. A la chute de l’URSS, le gouvernement ouzbek a perpétué cette politique désastreuse du coton, encore aggravée par la déviation par le Turkménistan d’une partie du fleuve Amou-Daria afin de construire un gigantesque lac intérieur.
L’Aral revient à elle
On peut néanmoins aujourd’hui espérer une partielle résurrection de l’Aral et donc de la ville portuaire. En 1995 le maire d’Aralsk décide de construire une digue en sable et en roseaux afin de sauver le bassin nord appelé la « petite mer » et alimenté par le Syr-Daria. Alors que personne ne croit à ce projet insensé – presque tous les articles de l’époque annoncent la disparition prochaine et totale de la mer d’Aral –, le niveau de la petite mer commence à remonter progressivement. La digue est malheureusement emportée lors d’une tempête en 1999 mais le progrès observé convainc la Banque mondiale de participer au financement d’une nouvelle digue-barrage en béton. Depuis les cent kilomètres, la mer est aujourd’hui revenue à une quinzaine de kilomètres du port d’Aralsk, faisant fi des annonces des Cassandre qui déclaraient jusqu’à peu que la situation était désespérée. La pêche s’est redéveloppée, générant à nouveau des revenus pour les populations de la région. Il n’est évidemment pas question à ce stade de naviguer à bord de gros navires de pêche comme cela était le cas il y a quelques décennies, mais les poissons sont redevenus plus variés et abondants, et nous avons même pu goûter un délicieux poisson à tête de serpent acheté sur place. D’après la Banque mondiale, les prises de poisson d’eau douce sont passées de cinquante-deux tonnes en 2004 à près de trois mille tonnes en 2009, devançant largement ses prévisions. Lors de notre passage au barrage, de nombreux pêcheurs s’affairent en contrebas du déversoir mais leur réticence à se faire prendre en photo nous révèle rapidement qu’ils braconnent.
Malheureusement la grande mer ne voit aucune amélioration à ce stade, privée de quasi tout l’Amou-Daria et coupée par ce barrage de la majorité du débit du Syr-Daria. Mais notre passage ultérieur en Ouzbékistan nous laissera également espérer une évolution positive dans les décennies à venir.
Outre ces coûteux travaux entrepris avec le soutien de la Banque mondiale, l’Etat kazakh riche en hydrocarbures a également financé la rénovation de nombreuses villes et routes. En comparaison avec la description de la fin du siècle dernier par René, il est évident que beaucoup d’argent a été investi pour assainir et moderniser les rues et les bâtiments ainsi qu’accompagner les besoins sanitaires de la région avec l’aide d’ONG internationales.
Une mer envoûtante
Nous visitons le lendemain la rive nord de la mer, sur le chemin de laquelle nous observons de nombreux faucons planant à l’affût d’une proie. Des troupeaux de chevaux épars broutent l’herbe pauvre et rase de cette terre revêche. De nombreuses empreintes de roues strient la steppe alentour, mais il est impossible de s’y repérer sans l’aide d’un guide local. Nous atteignons une berge où reposent deux carcasses de navires, abandonnées sur place lors du recul du rivage. Notre guide observe avec surprise qu’elles sont partiellement immergées, alors qu’elles étaient à quelques dizaines de mètres de l’eau lors de son dernier passage. Le vert turquoise des flots hypnotise dans ce paysage aride, et à quelques encablures les falaises de calcaire contre lesquelles se jetaient auparavant les vagues surprennent dans ce paysage par ailleurs plutôt plat.
L’ouest de la grande mer d’Aral – que nous n’avons malheureusement pas exploré – était autrefois bordé du Tchink, escarpement qui constitue le rebord oriental du plateau calcaire de l’Oustiourt. Ces murailles de sédiments dominent désormais un désert recouvert d’une fine croûte de sel sur plusieurs kilomètres.
Je voulais découvrir la mer d’Aral de peur de ne jamais avoir l’occasion de la rencontrer mais je ne savais à quoi m’attendre. J’ai été fascinée par la beauté de ce lieu magique, isolé et préservé. Nous craignons cependant de le découvrir dans vingt ans envahi d’hôtels et de complexes touristiques douteux défigurant la quiétude et le charme enchanteur de ce bord de mer si particulier.
Quelques kilomètres plus loin, nous découvrons Akespe où une source d’eau thermale à 62°C a été creusée en 1986 à mille deux cents mètres de profondeur – il fallait bien cela pour compenser les cruelles conditions de vie des riverains ! Le sable envahit le village lové au creux des dunes en bordure du lac. A côté d’une bâtisse de bois à moitié enfouie sous l’arène, une belle chamelle à la toison claire nous épie avec méfiance lorsque nous approchons son petit. Quelques rares maisons sont toujours habitées mais les bâtiments publics ainsi que la majorité des habitants ont émigré à quelques kilomètres dans un village neuf, éloigné de ces dunes insatiables. Nous sommes enveloppés de la sensation d’être ici hors du temps, à des années-lumière de la vie trépidante des villes, dans ce village voué à disparaitre qui parait tout droit sorti d’un conte.
Je quitte ce lieu à regret ; je voudrais prendre le temps de contempler cette mer qui m’a touchée. J’espère avoir une autre occasion de venir la voir et vivre à ses côtés pour ressentir toute la magie de cet endroit exceptionnel. Si les frontières n’étaient pas une question si sensible dans la région, l’idéal serait d’en faire tout le tour paisiblement, à travers les terres du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan. Et j’espère à cette occasion rencontrer enfin les saïgas, antilopes à l’allure surréaliste adaptées aux climats extrêmes.
Album photo
Merci à vous deux pour ces pages et ces vues, ce voyage. Je suis bouleversée par ce que je devine de la mer d’Aral et par les efforts des habitants. Il y a des lieux où les efforts se conjuguent pour repousser retarder réduire les désertifications.
Que cela soit le signe d’un avenir heureux que je vous souhaite lumineux et doux. Et pour moi, je suis prête à relire le récit, avec joie.
Je le relirais aussi avec joie?
Pauvre mer d’ Aral ???????????méchants russes!!
Bonne nouvelle pour la mer d’Aral : la digue de Kokaral va être rehaussée de 6m18 ce qui équivaut à la hauteur du port d’aralsk ???? séchons nos larmes et agissons ?