Album Chiloe Album Parc Rosales
Le Parc national Vicente Pérez Rosales
Après nos trois jours de détente en Araucanie, nous prenons la route vers le lac Lagos de Todos Los Santos, situé dans le Parc national Vicente Pérez Rosales. Le ciel se couvre au fur et à mesure que nous approchons de notre destination, pour finalement nous doucher d’un triste crachin. Le volcan Osorno ne nous laisse même pas deviner sa base, entièrement cachée sous les nuages.
Le lendemain matin, au réveil, le ciel est entièrement dégagé et le volcan s’offre à nous. Depuis les pontons surplombants les impressionnants torrents de cascades issus du lac, nous l’admirons à nouveau alors que les nuages font leur apparition. Le lac est entouré de montagnes couvertes d’une forêt dense, composée d’arbres à feuilles caduques et persistantes, donnant une imposante impression de grandeur.
Nous n’avons finalement pas le magnifique temps espéré pour notre cabotage sur le lac, néanmoins il y a suffisamment d’éclaircies pour savourer la belle couleur vert-émeraude de l’eau et pique-niquer au soleil !
De retour de la navigation, nous partons directement pour l’île de Chiloé, située à une centaine de kilomètres vers le sud-ouest.
Chiloé
Pour accéder à l’île principale de l’archipel, nous traversons le Canal de Chacao sur une large barge. Nous n’avons malheureusement que deux jours entiers à consacrer à ce lieu magnifique, ce qui est bien court pour en savourer tous les charmes.
Chiloé a été rendue célèbre par ses multiples églises et chapelles en bois, dont seize sont inscrites au Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’Unesco. Construites au XVIIè et XVIIIè siècles, elles diffèrent toutes par leur construction et leurs couleurs, et sont conçues pour résister au climat particulièrement humide de la région. La conception intérieure est également variée et d’un grand intérêt, les murs et plafonds étant entièrement couverts de bois, généralement sculpté et / ou peint.
Depuis l’Araucanie jusqu’à l’extrême sud chilien, les constructions sont quasiment toutes en bois ; mais c’est à Chiloé que la variété de styles et de couleurs est la plus impressionnante. Nous n’y avons même pas vu un seul hangar, magasin ou maison qui n’y soit en bois (ou tout du moins recouvert) ! Cela donne un charme incontestable aux hameaux et villages où aucun bâtiment ne gâche véritablement la vue par son échec architectural.
Nous commençons notre visite par Castro – la capitale – et son église très colorée – à faire pâlir Mickey d’après le Routard ! Elle est plus sobre à l’intérieur mais la voûte et les murs en bois vernis sont superbes. Sur la place principale, vraisemblablement pour nous mettre dans l’ambiance, des indiens Huilliches se produisent avec chorégraphie et petit concert de musique traditionnelle pimentée de synthétiseur. Cela fait partie des moments où je regrette vraiment de ne pas parler espagnol pour pouvoir engager la conversation avec les indigènes de mon futur royaume, Fred se défilant systématiquement dans ce genre de situation !
Nous poursuivons notre visite de Castro avec les maisons bigarrées sur pilotis, les palafitos. Nous ne les voyons malheureusement qu’à marée basse, nous privant de leurs reflets chamarrés dans l’eau, mais le spectacle vaut déjà largement le déplacement. N’ayant peur de rien, nous traversons l’étendue vaseuse et couverte d’algue d’un autre bras de mer pour en photographier quelques autres donnant sur la baie. Des bennes d’algues y sont chargées : c’est à Chiloé que sont récoltées les excellentes algues servies en salade qu’affectionnent les Japonais.
Nous poursuivons nos découvertes par l’île Quinchao où le littoral, très découpé et vallonné, offre une vue ravissante sur les nombreux îlots de l’archipel qui parsèment la mer. La nature de cette île pluvieuse est vraiment belle, faisant parfois un peu penser à la Bretagne, mais en bien plus joli. Sur le bord des grèves, nous dévorons les excellentes huitres locales, bien évidemment accompagnées d’un verre de vin blanc ! La côte est splendide, et s’avère un véritable paradis pour ornithologue avec la multitude d’oiseaux qui, selon leur caractère, nous ignorent ou nous invectivent dès qu’on s’approche.
De retour sur l’île principale, nous admirons les couleurs de fin de journée de la mer vers la pointe de Tenaún, puis de San Juan, accompagnés des cygnes à cou noir et bec rouge typiques de l’extrême sud chilien.
Le lendemain nous visitons le Parc National Chiloé à Cucao, où nous découvrons une végétation luxuriante. La côte occidentale est beaucoup plus pluvieuse que la côte orientale – abritée par les monts au centre de l’île – et abrite la forêt valdivienne. Cette forêt très dense peut donner une impression de forêt tropicale malgré sa latitude très éloignée de l’équateur. Elle est composée principalement d’arbres à feuillage persistant et d’arbustes à feuilles épaisses et cireuses, un peu semblables à celles des lauriers. Au sol, bambous, vignes, plantes grimpantes et fougères rendent sa traversée difficile. Ces dernières s’ornent de couleurs s’étendant du vert-pomme au rouge, apportant une agréable touche de couleur dans la brume. Parmi les arbres, se détachent les tepus : ils forment de larges bosquets et leurs troncs sont nus, alors que leur cime est bien fournie, formant un parapluie naturel. L’abattage des tepus par l’homme a entraîné un déséquilibre de la flore et de la faune locales, et il est désormais nécessaire de les réintroduire pour réparer ces méfaits. La promenade le long de la boucle de Tepual est particulièrement agréable, parmi les sous-bois humides décorés de mousse et de petites fleurs, qui génèrent une ambiance assez mystérieuse. La sphaigne, genre de mousse formant des tourbières, est très présente à Chiloé et est commercialisée dans le monde entier pour la conception de murs végétaux, ainsi que pour la culture d’orchidées et de plantes carnivores. A certains endroits, le sol est constitué d’un amas de troncs pouvant atteindre plusieurs mètres d’épaisseur, et le terrain très marécageux nous contraint à emprunter des passerelles en bois.
Nous rebroussons chemin vers l’est, visitant quelques églises dont celle de Chonchi au plafond étoilé, puis rejoignons ensuite le nord de l’île en empruntant des pistes à l’allure de montagnes russes. Aux alentours de Chepu, nous profitons d’une vue plongeante sur la plaine encaissée couverte d’arbres morts : lors du terrible séisme de Valdivia en 1960 – le plus fort jamais enregistré à 9,5 sur l’échelle de Richter, le sol de la vallée s’est affaissé et un tsunami l’a recouverte d’eau salée, empoisonnant tous ses arbres. Le vaste espace entourant le fleuve, où la plupart des arbres morts se tiennent encore bien droits, donne une impression très étrange. Malheureusement nous n’avons pas le temps de faire un tour en bateau pour aller les voir de plus près.
Au bout de notre piste, nous rejoignons la plage de Puñihuil au nord de la côte ouest de Chiloé, lieu de départ des excursions d’observation des deux types de manchots qui s’y reproduisent : les manchots de Humboldt et de Magellan. C’est le seul endroit où ces deux espèces cohabitent : alors que les manchots de Humboldt ne vivent que sur la côte pacifique du Chili et du Pérou, les manchots de Magellan fréquentent les deux océans, sur les côtes du Chili et d’Argentine. Parmi tous les manchots, ils sont de taille moyenne (respectivement de 65-70 cm et 75 cm) et excellents nageurs, pouvant parcourir plusieurs milliers de kilomètres au cours de leur migration, et plonger jusqu’à 75 m – même si c’est rare qu’ils aillent aussi profond. Le manchot de Magellan peut vivre jusqu’à trente ans et retourne généralement nicher dans le même buisson ou terrier tous les ans, dans la colonie où il est né et avec le même compagnon toute sa vie ! Ils sont nombreux en Patagonie durant l’été austral mais migrent dès avril vers les côtes du Brésil pour suivre les bancs d’anchois qu’ils affectionnent.
Les oiseaux vivent également très nombreux à Puñihuil, notamment les magnifiques cormorans de Gaimard, à pattes et bec rouges, et les goélands dominicains, qu’on retrouve en grand nombre jusqu’au Cap Horn. Nous retrouvons aussi des cormorans aux yeux turquoise comme aux Galapagos, mais cette fois avec des ailes qui leur permettent de voler. Et la cerise sur le gâteau de l’excursion : pour éviter aux touristes de se faire tremper les pieds en allant au bateau (il n’y a pas de ponton), ils sont promenés depuis la plage sur de petites chariotes surélevées qui roulent sur le sable !
Nous rejoignons enfin notre B&B, installé au bout de la Péninsule de Lacuy avec une superbe vue sur la mer, où nous dînons d’huitres chiliennes produites par nos hôtes et du saumon local, qu’on espère non-issu des gigantesques élevages qui rivalisent avec ceux de Norvège ! Sur la plage nous auscultons un bateau de pêche qui a brulé il y a de nombreuses années, sa gazinière toujours en place, la gueule ouverte, et sommes accompagnés du chien de la voisine à la recherche d’animations… Les moutons du coin ne brillent pas spécialement par leur air finaud mais permettent à Chiloé de continuer sa tradition de produits en laine au style particulier (ce qui nous a permis de nous charger d’une poule, de chaussettes et d’un bonnet traditionnels pour accompagner Tungu et Chimbo) !
L’aspect encore assez sauvage de l’île s’accorde bien avec la multitude de légendes qui y existent, allant de la sirène au troll-gnome envoûtant les femmes pour les mettre enceintes, en passant par le bateau fantôme sur lequel demeurent tous les marins noyés de la région !
Je dois admettre que j’ai quitté Chiloé avec un pincement au cœur et l’impression de ne pas lui avoir consacré suffisamment de temps malgré l’intensité de nos journées sur place. J’y retournerai avec grand plaisir lors d’un voyage ultérieur dans mon futur Royaume…
Album Chiloe Album Parc Rosales
Magnifiques photos !
Encore une fois vous nous gâtez avec ces merveilleux albums photos et ces textes alléchants… Cet archipel est d’une grande beauté. C’est un bonheur de vous suivre au fil de vos publications.
Mais vous êtes déjà sur un autre continent et il me tarde de découvrir les prochains carnets avec Alain et Marie-Thérèse.
Bisous à tous les quatre
Mamé & Papé, époustouflés par vos envois qui sont plus sublimes les uns que les autres : Quel voyage magnifique vous faites ! Bien entendu, vous nous en faites profiter par la beauté des images et la qualité du texte. MERCI !
Vous profitez maintenant de vos parents : éblouissez les un peu avec vos paysages et votre littérature, ils pourront nous relater ainsi une petite partie de votre périple. MERCI , donc, de nous faire partager vos joies et plaisirs. Bisous
Magnifique !
Quel talent !
Je ne peux m’empêcher de faire un lien entre la terre normande où a grandi Laure et cet appétit “no limit” pour les somptueux paysages, l’eau, la flore, la faune…
Merci heureux voyageurs . Nourrissez-vous bien de ce que la planète a de plus beau.
Bises de Mary et paskal
merci pour ce beau voyage bonjour a tout le monde
Une île, une histoire de bateau fantôme, les cheveux longs de Fred… Jack Sparrow n’est qu’une pâle copie 😉
Vous nous régalez, nous pauvres sédentaires, de vos belles aventures. La prochaine, vite!
Quand tu dis que la Bretagne est moins joli, tu as sûrement du oublié le mont saint Michel!
La Bretagne est moins jolie, mais cela n’enlève rien au magnifique Mont-Saint-Michel qui fut toujours normand, hormis un siècle de sombre histoire où les Bretons ont tenté leur chance pour récupérer la Merveille !
Coucou très chers et passionnants voyageurs !
Provocation pour provocation :
et si l’île de Quinchao était plus belle que la Normandie, Laure l’aurait-elle écrit ? !!! 😉
Coucou très chère Marraine,
Je ne suis nullement tentée de mentir à propos de Quinchao ou autres, rien n’étant plus beau que la Normandie, cette merveille de la Nature ! Cela ne m’empêche pas cependant d’admirer d’autres endroits de ce beau monde ! 😉