Album Photos Top 50 Album Le désert d’Atacama Album Uyuni
Désert d’Atacama (Chili)
La route de Calama à San Pedro de Atacama traverse un vaste plateau désertique, offrant peu d’éléments interrompant la routine, hormis quelques champs d’éoliennes et de panneaux solaires. A son extrémité, la vue sur la Cordillera de la Sal et le début du désert d’Atacama semble irréelle, comme si l’on changeait subitement de monde. Le dégradé de couleurs des montagnes et leur géologie déchiquetée impressionnent après la monotonie que nous venons de traverser.
San Pedro de Atacama est un charmant petit village très touristique, qui semble être resté au temps de Lucky Luke avec ses petites rues de terre battue et ses maisons en adobe (à part les innombrables magasins de souvenir quand même). Les rues principales sont piétonnes et nous nous sentons bien ici.
Pleins de courage, nous partons à l’assaut du Pukara de Quitor, forteresse atacamène construite au XIIè siècle et située en amont de la vallée du rio San Pedro. A l’issue d’une bonne grimpette de trois-quarts d’heure, nous atteignons le mirador d’où nous profitons d’un superbe point de vue sur l’oasis de San Pedro, la partie nord du salar (désert de sel) et la Valle de la Muerte (Vallée de la Mort), originellement baptisée Valle de Marte (Vallée de Mars) – mais ce titre ne devait pas être assez racoleur pour attirer les touristes ! Depuis ce promontoire, la vallée ressemble à une succession de rangées de dents géantes acérées. Puis, en remontant la route de Calama sur quelques kilomètres, nous accédons à une vue panoramique sur la région de la Valle de la Luna et les volcans des Andes de l’autre côté du salar, rougeoyants dans le soleil couchant.
Le salar d’Atacama, le plus vaste du Chili, s’étend sur une superficie de 3 000 km2. Situé à une altitude de 2 500m, il a été formé par l’accumulation des sels minéraux issus des cendres d’éruptions volcaniques, déportés par l’écoulement de l’eau vers le plateau où se crée un lac sans drainage vers la mer. Dans ce désert extrêmement aride, l’évaporation est beaucoup plus importante que les arrivées d’eau, asséchant régulièrement le lac et créant progressivement le désert de sel.
Sur la Cordillère des Andes, le volcan Licancabur domine San Pedro de son beau cône régulier tandis que le volcan Lascar, l’un des plus actifs du Chili, borde le salar plus au sud.
La location de la voiture pour quelques jours nous permet d’effectuer à notre rythme la majorité des excursions, cependant nous ne nous sentons pas suffisamment courageux pour prendre nous-même la piste vers les Geysers d’El Tatio à 4h30 du matin ! Les geysers sont plus impressionnants au lever du soleil, quand l’écart de température est maximal entre l’eau jaillissant à près de 200°C et l’air froid des montagnes (~-10°C lors de notre visite). Cependant, cela signifie que toutes les agences viennent à la même heure, ne permettant pas d’en profiter tout-à-fait sereinement.
Le lendemain, nous avons prévu un programme du tonnerre, et décollons dès 7h30. Nous avons vérifié avec les Carabineros (la police chilienne) qu’il est possible de faire les excursions souhaitées avec une voiture non surélevée (les guides papier ne sont guère encourageants) et partons donc à l’assaut des pistes chiliennes. Les lagunes de Miscanti et Miñiques, logées dans les montagnes de l’Altiplano, sont d’une grande clarté et forment un superbe paysage, reflétant les montagnes alentour. Les vigognes sont également de la partie, même si elles fuient notre objectif comme la peste. Mais nous aurons notre revanche plus tard !
En conduisant quelques dizaines de kilomètres de plus, nous atteignons le Salar de Talar, également appelé Piedras Rojas (Pierres Rouges) dans les excursions. La vue sur la lagune et les incroyables montagnes rouges et grises qui la bordent est magique. J’ai du mal à détacher mes yeux de ce spectacle époustouflant. Les montagnes semblent peintes au pastel, et les dégradés de couleurs paraissent travaillés par des artistes. Un peu plus loin sur la piste qui continue vers l’Argentine, la Laguna Tuyajto est également digne d’un tableau de maître.
En repassant devant le Salar de Talar, nous y faisons une pause pour admirer les flamants roses. Trois espèces cohabitent dans la région : le flamant de James – au bec principalement jaune, le flamant du Chili – aux genoux roses et au bec majoritairement noir, et le flamant des Andes – aux pattes jaunes.
Puis, après s’être défilées toute la matinée, les vigognes se décident à poser pour nous, avec le salar et les montagnes en arrière-plan, permettant à Fred d’afficher un air triomphant pour le reste de la journée !
C’est alors qu’une voiture nous demande de nous arrêter : une famille de français fraîchement arrivés en vacances a enlisé son pick-up dans le salar ! Pensant que la croute de sel était solide, ils ont roulé dessus et se sont enfoncés (et ils ne sont pas les seuls, nous avons vu une autre voiture bien prise au piège). Malgré tous leurs efforts, pas moyen de la sortir de là. Le réseau téléphonique s’arrêtant 75 km en aval, il leur faut donc retourner vers San Pedro pour appeler les Carabineros ! Ça ne change pas grand-chose à notre programme, et nous promenons une partie de la famille jusqu’au soir pendant que les autres attendent les secours.
Les lagunes situées au milieu du salar d’Atacama offrent une superbe variété de bleus, du très clair au bleu profond en passant par diverses teintes de turquoise. Avec le crépuscule, la croute de sel prend des airs de banquise assez surprenants au milieu du désert ! Malheureusement pour nous, un niveau d’arsenic trop élevé interdit l’accès à la seule lagune dans laquelle on peut normalement se baigner.
Nous profitons du ciel parmi les plus purs et dégagés au monde pour prendre une leçon (basique) d’astronomie et observer la voûte céleste. Accompagnés des bonnes blagues d’Alain – le propriétaire, nous contemplons étoiles, planètes, constellations, nébuleuses et galaxies grâce à ses neuf télescopes, dont l’un parmi les plus grands ouvert au public (69 cm de diamètre). Bénéficiant de sa situation dans l’un des déserts les plus secs, où le ciel est clair plus de 300 jours par an, la région possède le plus grand observatoire de radioastronomie jamais créé, composé de 66 antennes perchées à 5 000 m d’altitude, équivalentes à un télescope optique de 16 km de diamètre.
Au petit matin nous tentons notre chance à la Valle de la Luna une heure et demi avant son ouverture officielle. Elle nous sourit car les gardes préparent déjà la journée et nous permettent d’entrer aussitôt, nous laissant jouir du lieu seuls pendant tout ce temps. Le chemin vers la mine de sel nous fait pourtant craindre d’y démonter la voiture – on ne se demande pas pourquoi on n’a vu personne d’autre s’y aventurer ! Cependant, nous n’apprécions pas le lieu autant que la Valle de la Muerte que nous traversons à cheval l’après-midi, à la fin d’une longue balade de 5h nous menant à travers la vallée du rio San Pedro puis sur la crête de la Cordillera de la Sal.
Pour la découverte du salar de Tara, nous sommes obligés de passer par une agence de voyage : il faut un 4×4 et connaître les lieux car il n’y a aucune indication pour l’atteindre à travers le désert et les montagnes. Sur le chemin nous traversons Monjes de la Pacana, qui domine le Salar d’Aguas Caliente, et où d’énormes pierres projetées par l’éruption d’un volcan situé à 100 km ont été érodées par le vent. Je me suis lancée peu de temps auparavant dans la lecture du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, et ne pouvant me détacher des péripéties d’Edmond Dantès, je découvre que je peux lire sans aucun problème dans un 4×4 gravissant les monticules de sable et cahotant sur les pistes inégales ! Fred se plaint que je suis associable et qu’il faut me forcer à admirer les paysages, mais je dois admettre que ça fait longtemps que je n’ai pas été happée de la sorte par un bouquin !
Puis après plusieurs kilomètres à travers le désert, nous arrivons au bout du plateau dominant le Salar de Tara. Une fois de plus la vue sur la lagune et les montagnes est splendide, et les flamants roses bien au rendez-vous !
Juste à côté du salar, nous observons des formations rocheuses issues de la sédimentation des cendres de plusieurs éruptions, une ligne horizontale plus épaisse que les autres signale l’origine d’éruptions distinctes.
Sud Lípez & Uyuni (Bolivie)
Le lendemain, nous partons pour une expédition de 3 jours en Bolivie afin de découvrir plusieurs sites exceptionnels : la Laguna Verde (dominée par le volcan Licancabur et habituée des publications du National Geographic), la Laguna Colorada (unique en son genre) et le Salar de Uyuni (le plus grand du monde) pour ne citer que les plus connus.
La couleur blanchâtre de la Laguna Blanca est issue du borax et la couleur vert-turquoise de la Laguna Verde vient de sa contenance en cuivre et arsenic alors que la couleur rouille-rouge de la Laguna Colorada provient de sédiments et d’algues microscopiques qui nourrissent les crevettes, elles-mêmes à l’origine de la couleur des flamants roses. Tous ces lacs sont salés.
C’est également l’occasion d’observer à nouveau des geysers, qui sont issus de la même faille que ceux d’El Tatio (la frontière est proche) puis le Désert de Dali, nommé ainsi car cette étendue de sable parsemée de rochers rappelle certains de ses tableaux, notamment les montres molles. Un peu plus loin, l’érosion des roches crée des formes surprenantes, dont Árbol de Piedra (Arbre de pierre) est l’emblème.
Et les paysages incroyables s’enchaînent…
Le parcours s’effectue en 4×4, avec 6 passagers en plus du chauffeur-guide-cuisinier-mécanicien. Nous voyageons avec trois Brésiliens et une Suédoise de 23 ans ; nous sommes contents d’être entre jeunes, puis nous nous rendons compte que nous sommes déjà de vieux schnocks pour eux ! Nos Brésiliens sont de joyeux fanfarons et font l’animation pendant tout le trajet : dans leurs bagages arrivent bouteilles de vin et pisco sour vidés au fil du trajet, la samba met l’ambiance dans la voiture, le démarrage du 4×4 prenant systématiquement quelques secondes, il se termine tout aussi systématiquement avec un chant d’Alleluia ; ils coursent le chauffeur lors des escales, l’attrapent au lasso sur le toit du véhicule et boivent de la bière pour admirer le lever du soleil à 6h !
Le salar d’Uyuni s’étend sur environ 150 km de longueur et 100 km de largeur, formant une surface quasiment plate de 10 500 km2. Parsemé de quelques « îles » ornées de cactus, il provient de l’assèchement d’un lac préhistorique. En plus de la couche de sel pouvant atteindre 120 m de profondeur, le sol recèle de nombreux minéraux, dont le lithium (50% des ressources exploitables de la planète), ce qui menace la protection de ce lieu unique (le lithium est un composant essentiel des batteries d’ordinateur et de téléphone mobile).
A la sortie de la ville d’Uyuni, nous visitons le cimetière de trains qui serait parfait désert et par temps brumeux ; malheureusement les touristes pullulent et il fait grand soleil !
Nous avons rencontré nombre d’animaux surprenants durant notre périple : le renard du Petit Prince, un lapin-kangourou (véridique, il est de la famille des marsupiaux), des boys bands de lamas et flamants roses en pleine chorégraphie, un tricératop et le fameux « fou du désert », animal étrange qui traverse le désert à vélo…
Notre dernière soirée avant le retour à San Pedro coïncide avec le réveillon de noël, que nous fêtons sans nos joyeux lurons qui continuent leur périple à travers la Bolivie. Nous avons déjà eu des hôtels peu reluisants, mais là c’est le summum : une bande de moisissure décore gracieusement le mur et un cagibi répugnant, doté d’un robinet et où sont entreposés les balais fait office de douche. La « salle à manger » est conçue d’un superbe sol en béton, de parpaings sans enduit pour en définir le contour et de quelques néons, offrant bien sûr un éclairage chaleureux. Pour ne pas dépareiller avec ce beau tableau, on nous sert une ragougnasse incolore en entrée (d’origine indéterminée, à part un vague goût de champignon), suivie d’un plat d’huile dans laquelle baignent frites, oignons, œufs et morceaux de saucisse… Un vrai festin de noël ! Nos compagnons d’infortune sont d’accord pour qualifier ce réveillon de mémorable…
Nous profitons de cette joyeuse ambiance pour nous offrir nos cadeaux achetés au marché artisanal de San Pedro, avec chacun un budget de 15 euros !
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Merci pour ce journal de bord, illustré de très belles photos encore une fois! On s’y croirait, d’ailleurs j’ai un haut le coeur a voir les frites-saucisses!
Tu m’étonnes, nous aussi on a failli se sentir mal (on a d’ailleurs fini par voler le reste de spaghettis bologneses froides de la table d’à côté, c’est dire) !
Félicitations pour ces chroniques de voyages, récits intéressants et bien documentés et photos superbes.
Merci Yvon !
Déserts superbes comme toujours ! Et quelles belles photos ! j’ai l’impression que le kyzyl koum dans sa sévérité va vous décevoir!
rené
Merci René ! Nous ne sommes pas inquiets pour le Kyzylkoum, j’imagine qu’il y aura là-bas beaucoup moins de touristes et que l’atmosphère très différente nous plaira tout autant !
OMG, comme c’est beau ! Les photos sont à couper le souffle, et grâce au récit de votre périple, en fermant les yeux on arrive presque à y être.
J’avoue que je suis jalouse. J’aimerais y être pour de vrai.
Sauf peut-être au repas de Noël…Pauvre Fred, il a l’air au bord du suicide devant son assiette de soupe 😉 (faut reconnaître que la couleur est douteuse)
Oui c’était vraiment magnifique, ça vaut vraiment le coup. Le repas de noël était peut-être là pour nous ramener sur terre 😉
Je partage l’avis d’Élodie, y compris la jalousie ! Les photos sont superbes ! Le tout donne trop envie de vous rejoindre !
Merci ! Ecoute on t’attend avec grand plaisir si tu veux te joindre à nous pour un bout de périple !
Enfin cette magnifique photo de vos splendides cadeaux de Noël!!!! Je l’attendais avec impatience!!! Je ne suis pas déçue!!
Félicitations pour ta patience, un mois d’attente pour voir ces magnifiques cadeaux ! On était très contents mais j’ai voulu laver mon chapeau en fourrure qui sentait fort la bête et il a rétréci et s’est décousu de partout… Quelle déception !
Je suis le seul a avoir lu complètement ?! Pas mal le petit test de lecture 😉
Bon sinon les photos du salar de talar ont particulièrement attiré mon attention, et donné envie d’y aller.
Je vous embrasse, a bientôt !
Pas de nouvelle destination en vue pour nous rejoindre?
Wahou, une fois de plus vos photos sont magnifiques et votre voyage semble dense en découvertes! Continuez de profiter!!!
Merci Delphine !
Des paysages assez extraordinaires avec des couleurs très contrastées pour un résultat qui laisse perplexe.
Et quel Noël !! qui sera de toutes façons inoubliable….
Bisous
Ca c’est sûr, on n’est pas près de l’oublier celui là !
Les photos sont superbes. Quels paysages!!!
Merci Gaël ! Et c’est mieux en vrai qu’en photo.
Pour Nico : j’avais promis un jeu de mots quand j’en trouverais un, et Fred me l’a offert à Calama juste avant de rejoindre San Pedro de Atacama. Nous avions déjeuné dans une cafétaria basique puis passons devant un restaurant japonais et je dis qu’on y aurait peut-être mieux mangé. Fred me répond alors que ce n’est pas sûr, car il est probablement nippon ni mauvais….
C’était un jeu de mot mené.. à la baguette!!
Le train on dirait celui de retour vers le futur 3.. quelle référence de ma part!
Bonjour si vous deviez faire un choix entre atacama et uyuni? ca serait quoi le plus beau selon vous si on ne peut en faire qu’un?
merci d’avance