Lien vers l’album photo complet pour ceux qui n’auraient pas le courage de lire le texte (il est cependant conseillé de tout lire avant de le regarder) ! Je suis navrée pour les peu courageux, mais ce post risque d’être un peu longuet car sur le bateau, on a beaucoup de temps ! Mais vous pouvez le lire en plusieurs fois, vous avez plusieurs jours devant vous avant que le suivant arrive !
Album Google PhotosNous arrivons en fin d’après-midi au port du Havre, et avons du mal à trouver notre chemin au milieu des files d’énormes camions qui apportent les conteneurs. On se sent tout petit, et c’est vraiment une sensation étrange d’être entourés de ces immenses grues et navires.
A 18h nous embarquons comme prévu à bord du Fort Sainte Marie et allons investir nos appartements : La « Owner’s cabin ». Elle est assez grande, un peu vieillotte mais on y est plutôt bien et il y a 2 hublots avec vue sur mer (pont E, soit 5ème étage).
Nous faisons une petite visite du pont extérieur avec ces chers parents qui nous ont accompagnés jusqu’à l’intérieur du navire, puis redescendons tous hors du bateau pour nous faire nos au-revoir (déchirants évidemment, même si Fred semblait ricaner de la sensibilité sourdinesque).
A notre retour, il est l’heure du dîner ; nous sommes servis à table par le steward, c’est le grand luxe (et il fait notre chambre pendant le petit-déj) !
Le départ étant prévu à 2h du mat’, on essaie de rester éveillés pour voir ça. A notre arrivée, il y avait les petits chargements (principalement de nourriture semblait-il), et dans la soirée les immenses grues se mettent en route pour décharger du bateau les conteneurs qui restent au Havre. Toutes les machines qui s’activent font un joli ballet sous la lumière des lampes du port ; et j’ai une attirance particulière pour le « spreader » qui a une allure étrange, tout en hauteur comme une enjambeuse et a l’air de croquer les conteneurs avant de les emmener plus loin.
Vidéo prise du hublot de la chambre (accélérée 8 fois) :
Nous suivons cette animation pendant quelque temps, puis ne voyant rien de nouveau apparaître, nous finissons par somnoler.
A 3h22, King-Kong a dû être embarqué à bord car nous entendons un raffut de tous les diables, ça cogne dans la ferraille. Nous imaginons que nous quittons peut-être le port, mais en regardant par le hublot, on ne voit toujours pas le navire bouger. En fait (nous l’apprendrons le lendemain), des conteneurs sont chargés à l’arrière du bateau, dans des glissières qui rendent le procédé très bruyant (les conteneurs à l’avant n’ont pas de glissière pour les fixer, ils s’accrochent tous seuls les uns aux autres).
On se réveille ensuite par intermittences pour ne pas rater le départ, et évidemment quand on se réveille vers 6h30, le bateau est déjà en train de sortir du port. Juste le temps de dire au-revoir aux lumières du Havre.
La mer n’est pas mauvaise pendant ces premiers jours, mais nos sensibles estomacs n’avaient pas dû être bien préparés pour le trajet avec le festin bourguignon des 2 semaines précédentes, et nous passons la majeure partie des 3 premiers jours à roupiller allègrement pour faire taire les réclamations ventrales.
Nous avons le droit d’aller partout dans le bateau (nous devons juste mettre notre casque pour aller sur le pont, et être accompagnés dans la salle des machines), alors nous nous promenons un peu chaque jour pour nous approprier notre maison pour 2 semaines. L’équipage est très sympa, avec principalement des officiers français et des matelots philippins (et nous sommes les seuls passagers à bord).
Samedi soir, nous sommes invités à prendre l’apéritif avec les officiers, et nous avons droit au champagne ! Nous dinons ensuite avec eux (sinon nous avons notre propre table à part) et en profitons pour poser plus de questions et prévoir la visite de la salle des machine le lundi matin (le dimanche après-midi est le moment de repos de l’équipage).
En discutant avec eux, nous sommes impressionnés de tout ce qu’ils font à bord, et comprenons pourquoi il faut 28 personnes pour faire tourner la baraque : le navire n’est mis en cale sèche pour les gros travaux qu’au minimum tous les 5 ans ; sinon tout est fait à bord : peinture, réparations diverses et variées et surtout entretien du moteur qui s’étale sur environ 4 étages !
La visite de la salle des machines est vraiment impressionnante, et on comprend que c’est vraiment un travail difficile d’y passer 9h par jour : c’est très bruyant et il y fait très chaud (la température peut atteindre 45°C dans les pays chauds). Nez en moins (comme dirait Bérurier qui nous aide bien à passer le temps – ou M. Laroche pour les connaisseurs) la visite est passionnante et on découvre qu’il y a un minimum de gaspillage d’énergie et que la bête permet au bateau de produire tout ce dont il a besoin (à part notre nourriture tout de même) : l’air chaud d’échappement du moteur principal permet de désaliniser par distillation l’eau de mer qui servira pour les chauffe-eau, et une autre partie est reminéralisée pour fournir l’eau potable du bateau (même si les syndicats font qu’on boit de la Cristalline à bord des navires battant pavillon français). Le bateau a également sa fosse septique et un atelier de réparations impressionnant (atelier de soudure, d’usinage de pièces…).
On mange plutôt bien à bord et on nous sert du vin à chaque repas (sauf cidre pour la journée crêpes). L’étiquette de la bouteille de vin est le plus grand plaisir qu’il nous procure et je ne me lasse pas de la relire encore et encore (rouge et rosé ont les mêmes succulentes caractéristiques) : « sa souplesse et son fruité raviront bien des palais » ! Je dois avouer qu’ils ont surtout ravi mes ricaneries.
Par ailleurs, Fred a eu son coq au vin et moi mes crêpes donc nous sommes comblés.
Comme j’aime bien garder plein de souvenirs, j’ai voulu récupérer le petit menu imprimé qui était déposé chaque jour à table (avec une photo à chaque fois : nous avons commencé avec les Harley Davidson, puis eu des îles paradisiaques, des petits chiots et autres pandas plus ou moins cucul). Malheureusement un jour notre menu avait disparu. J’ai donc attendu que les officiers aient fini de diner pour aller récupérer le leur. C’est alors que j’ai découvert que nous n’avions pas tout à fait le même… (cf. les 2 dernières photos de notre album – nous avons d’ailleurs pu vérifier par la suite que c’était le cas tous les jours à part les jours d’escale ; j’imagine qu’ils voulaient garder une certaine décence vis-à-vis de l’immigration !)
A cause de l’ouragan Matthew qui était sur notre chemin, vers les deux tiers de la traversée de l’Atlantique nous avons changé de cap vers le sud pour l’éviter. Un peu de houle parvenait jusqu’à nous, mais vraiment rien de bien méchant à côté de ce qu’il a pu générer dans les Caraïbes.
La deuxième semaine suit tranquillement.
Mardi nous avons eu la démonstration d’envoi de la sonde météo : le navire fait partie des quelques bateaux qui envoient 3 sondes météorologiques par jour pour le compte de Météo France. Chaque sonde est testée et calibrée, puis les données du bateau sont récoltées (position, températures de l’air et de la mer, humidité, force et direction du vent) et à heure fixe française, la sonde est envoyée accrochée à un ballon d’hélium. Nous pouvons voir les données se mettre à jour sur l’ordinateur après le lâcher (position, altitude, pression, température, humidité).
Mercredi soir, c’était soirée barbecue. Nous avons eu un petit cochon rôti à la broche et des bières avec tout l’équipage, c’était très sympa.
Comme il commence à faire sérieusement chaud, la piscine a été remplie à l’eau de mer. Depuis la découverte du stock de BDs du navire, nous n’arrêtons pas de les lire ; les bords de piscine très glamours (ou la proue du navire) étant les lieux de prédilection. Tout y passe : l’intégrale de XIII, Blake et Mortimer, Tramp (recommandé par l’équipage), les histoires diverses et variées de Templiers, Péchés mignons, Sœur Marie-Thérèse… On se baigne un peu également, et nous voilà arrivés à Kingston.
La montée du pilote à bord est impressionnante : le petit bateau se met parallèle à notre porte-conteneur, puis se colle à lui en marche et le pilote attrape une échelle de corde accrochée sur le côté du navire pour se hisser à bord. C’est lui qui indique toutes les manœuvres d’entrée et de sortie du port au commandant.
L’équipage nous donne le numéro de téléphone d’un mec qui fait le taxi, et comme on nous prévient que la Jamaïque est très américanisée, on lui demande un restaurant typique et de pouvoir retirer de l’argent avant. Notre première pause se fait donc à un distributeur Scotiabank pour bien débuter le dépaysement ! Puis nous voilà arrivés dans un quartier de grandes bâtisses sans âme (un Marriott avec garde entre autres) et au milieu une petite bicoque avec un petit patio (Sweetwood) où les jamaïquains de la classe moyenne dinent du « jerk » entre amis ou en famille. C’était très bon, par contre pas un bar à l’horizon donc nous avons abandonné notre immersion jamaïcaine là et sommes rentrés au bateau avec les poules (à 21h30…).
Les officiers étaient de leur côté tout contents de croiser le Fort St Pierre (qui fait la même tournée que nous mais avec 2 semaines d’avance, et donc faisait sa 2ème escale à Kingston), et sont donc allés diner sur le « sister ship » avec les collègues et sont rentrés bien plus tard.
Notre entrée au port de Kingston était initialement prévue à 13h30 le samedi, mais finalement le pilote du port est arrivé vers 16h00 ; et de même initialement le départ était prévu le lendemain à 14h, mais à cause d’une panne de grue pendant la nuit nous avons eu plusieurs heures de retard. Ces retards ne sont apparemment pas systématiques mais fréquents car les gestionnaires de ports sont plutôt optimistes.
Nous repartons de Kingston beaucoup plus chargés, notamment de conteneurs réfrigérés : les « reefers ». L’arrière du bateau est désormais plein, et l’avant s’est considérablement rempli. En plus de la partie visible, il y a 6 niveaux de conteneurs en dessous du pont A (le navire a environ 10m de tirant d’eau).
Dimanche soir, départ de Kingston de nuit, direction Cartagena ! Pour fêter ça, j’enfile la combinaison de survie (normalement il y a la tête aussi) qui doit être mise en moins de 2 minutes ! Lors du signal d’abandon de navire (alarme : court, long, court, long), tout le monde doit descendre sur le pont B avec sa combinaison et son casque.
L’arrivée du pilote de Carthagène à bord était initialement prévue à 18h le lundi, et avait été décalée à 23h30 lorsque nous sommes allés nous coucher. Finalement il sera arrivé encore une heure plus tard mais les mouvements de conteneurs étant peu nombreux et tout s’étant bien déroulé dans la nuit, le bateau devait repartir dès 9h du matin. Le commandant nous a fait réveiller à 7h car l’agent du port venait nous chercher à 8h pour nous emmener à l’immigration ; le temps de finir nos sacs et de prendre notre dernier petit déjeuner à bord, il nous faut rapidement dire au revoir aux membres de l’équipage qui sont debout (et ont à peine dormi de la nuit) ; ça nous fait bizarre de s’enfuir aussi vite après avoir bien pris notre temps pendant 2 semaines.
Puis de l’office de l’immigration où l’agent du port nous a accompagnés, nous avons probablement fait le trajet en taxi le plus cher de toute l’histoire colombienne, à $20 les dix minutes (je suspecte l’agent d’être de mèche) pour aller à notre hôtel.
Nous voilà à Carthagène des Indes !
To be continued…
Album Complet Google Photos
Les photos sont tres belles ! Quel appareil ?
Nikon D750 pour la majorité avec Nikkor 35mm f1.4G ou 70-200mm f2.8 (et Sony RX100 II pour les autres)
Je suis vraiment trop con, jai tout lu.
COUCOU
TROP BIEN VIVEMENT LA SUITE,
a vous lire on a le sentiment d’être à bord,
merci de nous faire voyager de notre bureau, trop trop bien !
Bravo pour la plume Laure et pour l’oeil du photographe Fred.
Canon.
Tout lu et tout visionné!
Profitez bien et vivement le prochain chapitre.
Très agréable à lire !
Un chanteur vient d’avoir le prix Nobel de littérature. Pourquoi pas une trader ?. Grosses bises
Le mélange textes et photo fait que l’article se lit très bien! Et j’aime beaucoup le style aussi. Continuez bien! Nous sommes en attente du prochain épisode 🙂
D’après cette petite lecture sympathique je m’aperçois qu’il vaut mieux traverser l’Atlantique sur un gros paquebot que sur un petit voilier……
Ne perdez ni la main ni l’appareil photo car des nouvelles si agréablement renseignées nous tiennent en haleine jusqu’aux prochaines !!!
j’adore….je voyage…;o) xxx
quel bonheur d’avoir un tel journal de lecture. Pr le vendredi c’est PAR-FAIT ! et vive les mauvais systems IT du boulot qui laisse passer les blogs perso . 😉
Ici c’est boulot boulot boulot et j’ai tjs pas trouve une copine pr vider mon sac qd c’est la guerre ! du coup c’est mon boss qui trinque … le pauvre 😉
Gros bisous a ts les 2
Gros kiff !!!
Je vous embrasse les gars !!!
Déjà captivée par ce cyber carnet de voyage!
les belles photos de Fred me réjouissent l’oeil comme à l’accoutumé mais quelle découverte que l’écriture alerte et littéraire de Laure, ma fille.
Jolie complémentarité,
Vivement la suite,
Bises
Super, ca se lit bien facilement en fait 😉
Profitez bien de Cartagena
Et j’oubliais, j imagine que vous allez prendre des couleurs car j’ai vu un cachet bien blanc dans la piscine.
Raciste
The adventure begins! Great pics xxx